"Je donnerai l'autorisation de débarquer dans les prochaines heures", a déclaré sur Facebook Matteo Salvini, ministre italien de l'Intérieur et patron de la Ligue (extrême droite).
Mais alors que cette crise semble en voie de résolution, une nouvelle s'est ouverte avec l'annonce de l'ONG allemande Sea-Eye que son navire Alan Kurdi a secouru 40 migrants mercredi au large de la Libye. En application d'une récente législation, M. Salvini leur a formellement interdit l'accès aux eaux italiennes.
Partis de Libye en début de semaine dernière à bord de deux embarcations distinctes, un total de 140 migrants avaient été repérés par des pêcheurs et secourus par des vedettes des garde-côtes italiens et transférés sur le Gregoretti le 25 juillet, le jour où plus de 110 autres avaient disparu dans un naufrage au large de la Libye.
Les garde-côtes ont assuré que l'opération avait eu lieu en concertation avec le ministère de l'Intérieur, mais M. Salvini a alors déclaré qu'il ne laisserait débarquer les migrants qu'avec un plan pour les répartir au sein de l'Union européenne.
Cette démarche semblait destinée à tester la résolution du président français, Emmanuel Macron, qui avait annoncé le 22 juillet un accord entre 14 pays européens pour mettre en oeuvre un "mécanisme de solidarité", immédiatement raillé par M. Salvini parce qu'il partait du principe que les migrants devaient d'abord débarquer en Italie.
Au même moment, 143 migrants secourus les 25 et 26 juillet par la marine maltaise étaient accueillis à La Valette.
Comme lors des précédents bras de fer autour du sort de migrants bloqués en mer, des autorisations ont été données au compte-goutte aux migrants du Gregoretti: six évacuations médicales dès le 25 juillet, une femme enceinte et sa famille le 27 juillet, 15 mineurs lundi, un malade mercredi à la mi-journée...
La moitié en Italie
Il reste encore 116 hommes à bord du Gregoretti, qui se trouve dans le port militaire d'Augusta (Sicile) depuis dimanche à l'aube.
L'Allemagne, le Portugal, la France, le Luxembourg, l'Irlande et l'Eglise d'Italie se sont accordés pour les prendre en charge, ont annoncé M. Salvini et un porte-parole de la Commission européenne.
"Une solution européenne a été trouvée pour les femmes et les hommes bloqués sur le navire Gregoretti", s'est félicité M. Macron sur les réseaux sociaux. "Ils vont débarquer en Italie, puis seront accueillis dans 6 pays, dont la France. Notre pays est fidèle à ses principes: responsabilité, solidarité et coopération européenne".
Aucune précision n'a été fournie sur la répartition, mais selon les indications fournies à Bruxelles, plus de la moitié des migrants devraient être pris en charge par l'Eglise, en Italie.
En août 2018, l'Eglise d'Italie avait déjà aidé à résoudre une crise similaire en accueillant une centaine de migrants bloqués pour les mêmes raisons sur le Diciotti, un autre navire des garde-côtes italiens.
La quasi-totalité des migrants concernés avaient disparu au bout de quelques jours, partis par leurs propres moyens tenter leur chance dans d'autres pays européens.
La fermeté affichée par M. Salvini envers les migrants secourus par les ONG ou même par les autorités italiennes n'empêche pas les arrivées en Italie. Selon son ministère, plus de 3.700 migrants sont arrivés cette année sur les côtes italiennes, dont 950 en juillet.
Comme avant le lancement des premières opérations de secours fin 2013, la plupart arrivent directement sur les côtes, souvent après plusieurs jours en mer à bord de voiliers depuis la Turquie, de barques ou de canots pneumatiques depuis la Libye ou la Tunisie.
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