Pékin et Washington sont engagés depuis l'an dernier dans un bras de fer commercial qui s'est traduit par l'imposition réciproque de droits de douane punitifs sur plus de 360 milliards de dollars d'échanges annuels.
Ce douzième cycle de négociations entre les deux premières puissances économiques mondiales -- le premier depuis l'échec des pourparlers début mai -- a été relativement bref.
A l'issue d'à peine quatre heures de discussions à huis clos mercredi, les deux délégations ont posé en début d'après-midi, un peu plus tôt que prévu, pour une photo de groupe.
L'air plutôt tendu, le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin ont ensuite pris la direction de l'aéroport sans dire un mot à la presse.
Rien n'a filtré non plus du vice-Premier ministre chinois Liu He, un proche du président Xi Jinping, qui dirigeait la délégation chinoise.
Le différend commercial qui empoisonne depuis l'an dernier les relations entre Pékin et Washington s'est également étendu au domaine technologique. Le géant chinois des télécoms Huawei a été inscrit au mois de mai sur la liste noire de l'administration américaine pour des raisons de sécurité.
Mardi, au moment même où négociateurs américains et chinois se retrouvaient pour un dîner et des discussions informelles, le président américain n'a pas mâché ses mots contre Pékin.
"Mon équipe est en train de négocier avec eux maintenant, mais ils (les Chinois, NDLR) finissent toujours par modifier l'accord à leur avantage", a tweeté M. Trump.
Le locataire de la Maison Blanche a affirmé que la Chine était censée commencer à augmenter ses achats de produits agricoles américains mais, a-t-il regretté, "rien ne dit qu'ils soient en train de le faire".
"C'est le problème avec la Chine, elle ne fait tout simplement pas" ce qu'elle dit qu'elle va faire, a ajouté le bouillonnant milliardaire, dont les déclarations ont poussé les marchés financiers mondiaux à la baisse.
"Signe de faiblesse"
Ces propos ne devraient pas apaiser les relations déjà tendues entre Pékin et Washington, estiment plusieurs analystes.
Mercredi, la presse chinoise a lancé la riposte. "Faire des remarques peu constructives au moment de la reprise des négociations commerciales (...) semble être devenu une habitude", a relevé dans un éditorial le Global Times, un quotidien anglophone considéré comme proche du pouvoir, assurant que cette "tactique ne fonctionne pas".
"La mélodie principale est encore perturbée par les bruits de tambours de certains Américains", a regretté avec le sens de la formule le Quotidien du peuple, sans mentionner explicitement Donald Trump.
Avec cette nouvelle charge du président américain, "l'optimisme des marchés au sujet des négociations commerciales a été sévèrement douché", relève Stephen Innes, analyste de la société d'investissement Vanguard Markets.
Ces tweets traduisent "l'impatience" du locataire de la Maison Blanche d'arracher un accord avec la Chine, assure Shen Dingli, professeur basé à Shanghai et spécialiste des relations internationales, qui y voit "un signe de faiblesse".
"Pas d'accord"
Quelques jours avant la reprise des négociations, Donald Trump a menacé de dénoncer le statut de pays en développement de membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), une mesure qui vise prioritairement la Chine.
Il a également laissé entendre la semaine dernière que la Chine pourrait délibérément faire traîner les discussions jusqu'à la prochaine présidentielle américaine en 2020, dans l'espoir de trouver un dirigeant plus conciliant avec qui traiter et "continuer à escroquer les Etats-Unis".
Déjà en pleine campagne, Donald Trump "ne peut pas se permettre politiquement de dire +j'ai conclu un super accord avec la Chine+ alors que ce n'est pas vrai", relève Derek Scissors, expert en relations sino-américaines à l'American Enterprise Institute. "C'est pour cette raison qu'il n'y aura probablement pas d'accord avant les élections".
Et les principaux dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, réunis mardi, ont mis en garde contre "de nouveaux risques et une pression à la baisse croissante" sur l'économie chinoise.
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