Le Parquet général, le puissant Comité d'enquête et le maire de Moscou se sont succédé mardi pour avertir les partisans de l'opposition, dont les principaux meneurs sont déjà en prison à la suite de la manifestation de samedi dernier.
Celle-ci s'est soldée par près de 1.400 arrestations, du jamais vu depuis le retour du président Vladimir Poutine au Kremlin en 2012.
D'ores et déjà, une menace très concrète et très lourde pèse sur les protestataires puisque les enquêteurs russes ont annoncé avoir ouvert une enquête pour "troubles massifs", une procédure qui peut aboutir à des peines atteignant 15 ans de prison.
Ils ont également accusé les manifestants de "grossière violation de l'ordre public, de violences contre les forces de l'ordre" et d'avoir perturbé la circulation automobile sur le boulevard périphérique de la capitale russe samedi.
Le Parquet général a de son côté appelé à réagir "avec sévérité" aux prochaines manifestations qui n'auront pas reçu l'aval des autorités. Son patron, Iouri Tchaïka, a invité ses collègues à prendre des "mesures efficaces de contrôle" afin que "les évènements qui se sont récemment produits à Moscou ne se reproduisent pas".
La manifestation de samedi, non autorisée, avait été fermement réprimée par la police et semble démontrer la détermination des autorités à tuer dans l'oeuf tout mouvement de contestation lié aux élections locales du 8 septembre, auxquelles la plupart des figures de l'opposition moscovite ont été empêchées de participer.
La maire de Moscou, Sergueï Sobianine, loyal au Kremlin, a accusé l'opposition de "préparer une nouvelle provocation" le 3 août et remercié les policiers d'avoir réprimé la manifestation de samedi dernier, au cours de laquelle ils ont, selon lui, "été obligés d'utiliser la force" et se sont comportés "de manière adéquate".
Meneurs en prison
Les tribunaux russes ont annoncé mardi avoir ordonné une soixantaine de détentions provisoires et condamné plus de 160 personnes à des amendes après cette manifestation. Un protestataire accusé d'avoir jeté une poubelle sur un policier a été incarcéré pour deux mois dans l'attente d'un procès dans lequel il encourt jusqu'à cinq ans de prison.
Avant même le rassemblement de samedi, le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, avait été condamné la semaine dernière à 30 jours de prison pour des appels à manifester. Hospitalisé dimanche à la suite d'une "grave réaction allergique" avant d'être renvoyé en cellule, il n'a pas exclu d'avoir été "empoisonné".
Plusieurs de ses alliés se sont également vu infliger de courtes peines de détention. Parmi eux, les opposants de premier plan Ilia Iachine, condamné lundi à 10 jours de détention avant de voir sa peine s'alourdir de 10 jours supplémentaires mardi, et Dmitri Goudkov, condamné à 30 jours.
L'opposition dénonce depuis plusieurs semaines le rejet des candidatures indépendantes aux élections locales du 8 septembre, qui s'annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale.
La prochaine manifestation de l'opposition prévue pour le 3 août risque elle aussi de ne pas recevoir le feu vert des autorités, qui ne parviennent pas à se mettre d'accord avec les organisateurs sur l'endroit où elle devrait se dérouler.
L'un des négociateurs de l'opposition, Mikhaïl Svetov, a été interpellé mardi par la police après des pourparlers infructueux avec la mairie de Moscou.
Le mouvement de contestation lié aux élections locales de septembre est l'un des plus importants depuis les actions de protestation contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine, sévèrement réprimées en 2012.
Les candidats indépendants étaient censés obtenir les signatures d'au moins 3% des membres du corps électoral dans la circonscription où ils se présentaient. Mais la commission électorale a rejeté la candidature de toutes les figures de l'opposition ayant franchi cet obstacle, arguant d'irrégularités dans la collecte des signatures.
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