Le tribunal de commerce a validé l'offre de la société d'agencement pour les commerces et les collectivités locales. Les salariés non repris seront licenciés le 19 août, après le placement en redressement judiciaire de WN début juin, faute de débouchés pour ses casiers réfrigérés connectés et chargeurs de batteries pour vélos et voitures.
Ageco Agencement (65 salariés, 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018) est déjà implantée sur le site depuis la fermeture de l'usine du fabricant américain de sèche-linge en mai 2018. Ses dirigeants doivent tenir une conférence de presse à 16h00.
La lutte des salariés contre la fermeture annoncée en janvier 2017 de l'usine Whirlpool, devenue le symbole des délocalisations industrielles, s'était invitée dans la campagne présidentielle avec une passe d'armes sur place entre l'Amiénois Emmanuel Macron et Marine Le Pen lors de l'entre-deux-tours.
"Il y a le reclassement, le PSE (plan de sauvegarde de l'emploi), les repreneurs. La formation, c'est pas des paroles en l'air", avait affirmé le candidat en avril 2017 sur le site.
L'usine qui employait 246 salariés a finalement fermé le 31 mai 2018 et sa production a été délocalisée en Pologne pour des raisons de rentabilité. L'industriel picard Nicolas Decayeux avait alors repris 162 des 282 ex-salariés de Whirlpool. Son entreprise, WN, devait se lancer notamment dans la production de casiers réfrigérés connectés et la fabrication de chargeurs de batteries pour vélos et voitures.
L'Etat avait alors versé 2,5 millions d'euros de subventions et Whirlpool 7,4 millions. Mais l'entreprise, qui emploie aujourd'hui un peu plus de 180 salariés, se trouve dans une impasse de trésorerie, faute de débouchés commerciaux concrets. Le 3 juin, elle a été placée en redressement judiciaire, avec une période d'observation de six mois.
Selon les résultats d'un audit rendu public jeudi par Bercy, environ 98,5% des dépenses réalisées par WN étaient "directement liées à l'activité de l'entreprise", mais quelque 179.000 euros suscitent "des interrogations", en lien avec "des avantages en nature pour les dirigeants".
"Enfarinés"
"Peut-être que le plan était trop ambitieux mais un projet entrepreneurial qui échoue, ce sont des choses qui arrivent tous les jours et ce n'est pas un problème en soi", a déclaré mardi sur LCI la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, Agnès Pannier-Runacher. "Là où on a pu avoir une critique à formuler, c'est que le dirigeant qui a repris l'entreprise n'avait pas ajusté son train de vie à la situation de l'entreprise et notamment au fait qu'il n'arrivait pas à obtenir les commandes qu'il nous avait promises".
Selon un communiqué de la ministre publié juste après la décision du tribunal de commerce, l'entreprise de protéines alternatives Ϋnsect "a marqué un intérêt" pour "implanter sur le site de Whirlpool un centre d'activités et de logistique".
"Le projet WN est un échec. En tant que président de l'entreprise, je l'assume sans problème, mais je ne suis qu'un homme, pas un magicien et encore moins un superman. Je suis juste quelqu'un qui bosse et qui croyait en l'industrie en France", avait déclaré vendredi M. Decayeux, président départemental du Medef, disant avoir "beaucoup d'admiration et d'estime" pour les salariés.
Début juillet, une centaine de salariés ont manifesté deux fois à Amiens leur "colère" et leurs "inquiétudes" quant à leur avenir professionnel.
"Les salariés vont se rendre compte qu'on les a enfarinés, qu'on leur a raconté n'importe quoi depuis le début", s'est emporté sur BFM leur avocat Me Fiodor Rilov. "Ils sont en colère et ce qu'ils attendent aujourd'hui, c'est surtout un certain nombre de décisions de justice qui vont condamner les responsables de cette catastrophe sociale."
Une deuxième offre avait été déposée, celle de Philippe Valton, ex-salarié de Whirlpool repris par WN, qui voulait reprendre neuf personnes dans un premier temps puis embaucher 90 personnes d'ici 2021 pour produire notamment des distributeurs de pizzas.
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