Le prodige venu des Andes, qui est âgé de 22 ans, n'a plus à parcourir que 128 kilomètres en plaine pour triompher dimanche soir sur les Champs-Elysées quand les rescapés en termineront avec ce Tour riche en rebondissements.
La dernière ascension, la seule d'une étape raccourcie à 59 kilomètres en raison d'un éboulement, a condamné Julian Alaphilippe, maillot jaune encore à trois étapes de la fin. Le Français a cédé dans les 14 derniers kilomètres et a reculé de la deuxième à la cinquième place du classement.
L'équipe Ineos place donc deux coureurs tout en haut de la hiérarchie puisque le vainqueur sortant, le Gallois Geraint Thomas, a accédé à la deuxième place. C'est le premier doublé depuis 2012 (Wiggins, Froome) pour la formation britannique, qui est apparue pourtant plus vulnérable cette année. Elle a dû attendre jusqu'à 48 heures de l'arrivée pour prendre le commandement de l'épreuve, contrairement à ses habitudes.
La réaction du "Requin"
Avant la 21e et dernière étape entre Rambouillet et Paris, Bernal compte une marge de 1 min 11 sec sur Thomas, qui l'a étreint sur la ligne d'arrivée.
"Je suis très fier d'être colombien, c'est le message que je veux donner", a déclaré le futur lauréat, salué par les journalistes de son pays.
Grimpeur d'élite, Bernal s'est montré le plus fort dans les deux cols les plus hauts du Tour, le Galibier (jeudi) et l'Iseran (vendredi). Même si le maillot à pois du meilleur grimpeur est finalement revenu au Français Romain Bardet, distancé dans la montée finale de Val Thorens.
A l'altitude de 2365 mètres, l'une des plus hautes dans l'histoire, Nibali a remporté un succès de grand prestige, son sixième dans le Tour dont il a enlevé le classement général en 2014. Le "Requin de Messine" est d'ailleurs l'un des sept coureurs à avoir gagné les trois grands tours (Tour, Giro, Vuelta).
Deuxième du Giro au printemps, le Sicilien a payé la note au long de ce Tour. Mais sa réaction d'orgueil, superbe, a éclairé cette étape qui s'est résumée à une course de côte géante, 33,4 kilomètres de montée à 5,5 % de pente.
L'équipe Jumbo a durci l'allure pour permettre à son chef de file, le Néerlandais Steven Kruijswijk, de monter pour la première fois de sa carrière sur le podium, à la troisième place, sous réserve de passer sans encombre la dernière étape. L'Allemand Emanuel Buchmann est en passe lui aussi d'obtenir son meilleur résultat (4e).
Par un clin d'oeil amusant, Nibali (34 ans) a précédé sur la ligne le champion du monde, l'Espagnol Alejandro Valverde, l'un des doyens du peloton (39 ans).
Mais c'est bien l'un des benjamins du peloton, le plus jeune des 155 concurrents encore en lice (21 abandons jusqu'à présent), qui est en passe de gagner le Tour.
Jamais depuis la reprise du Tour en 1947 après la Seconde guerre mondiale, un coureur aussi jeune n'avait gagné le Tour. Dans toute l'histoire de l'épreuve, Bernal, quasiment à égalité avec le Luxembourgeois François Faber (1909), est précédé par Henri Cornet, déclaré vainqueur sur le tapis vert plusieurs mois après la fin de la deuxième édition en 1904 qu'il avait bouclé à presque 20 ans.
Dix-neuf mois après avoir rejoint l'élite mondiale au sein de la plus puissante équipe (Sky devenue Ineos), le Colombien a enlevé l'épreuve la plus prestigieuse et la plus importante du calendrier. Entre-temps, il a gagné des courses d'une semaine, principalement Paris-Nice en mars et le Tour de Suisse en juin, pour justifier le rang de coleader qui lui avait été accordé par sa formation au départ de Bruxelles.
L'an passé, Bernal avait découvert le Tour et grandement aidé Chris Froome à monter sur le podium (3e). Quinzième au classement final, un rang sans signification au vu de son sacrifice, il avait aussi beaucoup appris aux côtés du quadruple vainqueur du Tour, le grand absent de cette édition après sa grave chute de la mi-juin.
"Sur la ligne d'arrivée j'ai dit à Egan (Bernal) +Profite de ce moment !+", a raconté Thomas, le vainqueur sortant, qui a décrit ainsi son cadet: "C'est un athlète incroyable, il a 22 ans, il est né pour aller vite en montagne, il a un très bel avenir."
A LIRE AUSSI.
Tour de France: Nibali gagne, Bernal assure à Val Thorens
Tour de France: Quintana-Bernal, la fête colombienne
Tour de France : un "chrono" dans une fourchette
Tour de France: maillot jaune centenaire cherche nouveau porteur
Jour de folie sur le Tour: la 19e étape arrêtée mais Bernal en jaune
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.