"La France vient d'imposer une taxe du numérique à nos grandes entreprises technologiques américaines. Si quelqu'un devait les taxer, cela devrait être leur pays d'origine, les Etats-Unis", a tweeté le président américain.
"Nous annoncerons bientôt une action réciproque substantielle après la stupidité de Macron. J'ai toujours dit que le vin américain était meilleur que le vin français!", a ajouté l'hôte de la Maison Blanche, qui ne boit pas d'alcool.
"J'ai toujours préféré les vins américains aux vins français même si je ne bois pas de vin. J'aime leur aspect. Les vins américains sont super", a également déclaré vendredi le milliardaire républicain depuis le Bureau ovale.
La Maison Blanche a annoncé dans la soirée que MM. Trump et Macron s'étaient parlé par téléphone pendant la journée, ajoutant qu'ils avaient évoqué la taxe française sur les géants du numérique, mais sans préciser si les vins français étaient au menu des discussions entre les deux dirigeants.
L'Elysée a précisé samedi qu'Emmanuel Macron avait insisté, au cours de cet entretien, sur le fait que la taxation des Gafa était "un sujet d'intérêt commun" et pas seulement français, "sur lequel il faut continuer d'agir en vue d'obtenir un large accord international".
Le sommet du G7, à Biarritz (sud-est de la France) du 24 au 26 août, sera "une occasion importante d'avancer" sur cette question, a ajouté la présidence, en précisant que l'entretien avait également porté sur l'Iran.
Un peu plus tôt, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait affirmé que "la France mettra(it) en oeuvre ses décisions nationales".
Le Parlement français avait définitivement adopté le 11 juillet l'instauration d'une taxe sur les géants du numérique, faisant de la France un pays pionnier en matière d'imposition des "Gafa" (acronyme désignant Google, Amazon, Facebook et Apple) et autres multinationales accusées d'évasion fiscale.
L'administration Trump avait annoncé la veille de cette décision qu'elle lançait une enquête pour mesurer les effets d'une telle taxe sur les entreprises américaines.
Puis, lors du G7 en France il y a deux semaines, Paris et Washington avaient semblé réduire leur contentieux, les ministres des Finances évoquant alors des progrès vers un accord mondial sur la taxation du numérique.
"La taxation universelle des activités digitales est un défi qui nous concerne tous. Nous souhaitons parvenir à un accord sur ce sujet dans le cadre du G7 et de l'OCDE", a souligné vendredi Bruno Le Maire.
"Outils politiques"
Cette décision unilatérale "démontre le peu d'engagement de la France dans les négociations en cours avec l'OCDE", a pourtant jugé vendredi depuis Washington un porte-parole de la Maison Blanche, Judd Deere.
"L'administration Trump a toujours affirmé qu'elle ne resterait pas les bras croisés et ne tolérerait aucune discrimination à l'encontre des entreprises américaines", a-t-il mis en garde dans un communiqué.
Le représentant américain au commerce (USTR) a déjà lancé une enquête sur les effets éventuels de cette taxe, a-t-il rappelé. Et, l'administration Trump "examine de près tous les autres outils politiques", a-t-il souligné.
La taxe Gafa crée une imposition des grandes entreprises du secteur non pas sur leur bénéfice, souvent consolidé dans des pays à très faible fiscalité comme l'Irlande, mais sur le chiffre d'affaires, en attendant une harmonisation des règles au niveau de l'OCDE.
Plus tôt, le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, avait qualifié cette taxe de "très, très grosse erreur".
"Nous ne sommes pas contents que la France soit allée de l'avant avec cette sorte d'impôt sur le numérique", avait-il dit sur la chaîne CNBC.
La taxe Gafa impose ces entreprises à hauteur de 3% du chiffre d'affaires réalisé en France notamment sur la publicité ciblée en ligne, la vente de données à des fins publicitaires et la mise en relation des internautes par les plateformes.
Cette solution a vocation à n'être que temporaire dans l'attente d'un aboutissement de négociations internationales.
En juin, Donald Trump avait déjà laissé entendre qu'il pourrait infliger des taxes douanières supplémentaires au vin français.
Mais il invoquait alors ces droits de douane supplémentaires pour corriger une concurrence jugée "déloyale".
"La France taxe beaucoup le vin et nous taxons peu le vin français", avait alors dénoncé le président américain au cours d'un long entretien sur CNBC.
Le vin français est réputé pour être "très bon", avait aussi commenté l'hôte de la Maison Blanche. Mais les viticulteurs américains se plaignent du fait qu'il entre sur le sol américain "pour rien".
"Ce n'est pas juste, nous allons faire quelque chose pour ça", avait-il alors asséné.
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