A situation extrême, décision d'exception. Faute de ligne d'arrivée, aucun coureur n'a été déclaré vainqueur de l'étape mais les efforts consentis dans l'Iseran, le plus haut col du Tour, ont été pris en compte dans ce Tour incroyable, qui s'est sans doute joué dans ce deuxième des trois actes alpestres.
A la veille de la dernière étape de montagne à Val Thorens et à deux jours de l'arrivée à Paris, Bernal compte une marge de 45 secondes sur le Français Julian Alaphilippe, qui a perdu son maillot jaune, et de 1 min 03 sec sur le vainqueur sortant, le Gallois Geraint Thomas, coleader de l'équipe Ineos au départ.
Une violente averse de grêle a rendu la route tout à fait impraticable à la sortie d'un tunnel, peu avant Val d'Isère, à quelque 25 kilomètres de l'arrivée. Confrontés à une situation inédite, le jury des commissaires a tranché: les temps ont été pris au sommet de l'Iseran, le "toit" du Tour à l'altitude de 2770 mètres.
A ce moment-clé, Bernal, le jeune "condor" (22 ans) venu des Andes, planait sur la course. Avec 50 secondes d'avance sur le groupe des favoris (Thomas et Kruijswijk notamment) et 2 min 07 sec sur le porteur du maillot jaune, le Français Julian Alaphilippe.
Dans la descente, le Colombien de l'équipe Ineos a vu revenir le Britannique Simon Yates. Les deux hommes, qui ignoraient tout des dégâts causés sur la route en contre-bas, ont été arrêtés en plein effort à l'avant de la course.
L'Iseran col maudit
Ils ont vu ensuite arriver leurs poursuivants qui, au fur et à mesure, ont pris place dans les voitures d'équipes avant de prendre, bien plus tard, la direction de leurs hôtels respectifs. Non sans mal, puisqu'un éboulement, de surcroît, s'est produit sur la route prévue.
Ce type d'incident est rarissime dans un grand tour.
En 1995, le Giro avait dû arrêter une étape dont le terme était prévu à Briançon, en raison d'une avalanche survenue dans le col d'Agnel. L'arrivée avait été jugée à l'improviste au pied du col.
L'Iseran, que le Tour de France a rarement emprunté dans son histoire, a tout d'un col maudit. Le plus haut col routier n'avait pu être franchi en 1996, alors que la course devait le franchir dans l'autre sens. La raison ? la neige, qui avait déjà rendu la route impraticable.
Pour les Français, la journée -décisive- a été noire. Thibaut Pinot, diminué par une lésion musculaire à la cuisse gauche, a été contraint à l'abandon après une heure de course. "Il a évité une chute il y a deux jours et il a tapé le guidon", a expliqué son directeur sportif Philippe Mauduit.
Pour ce qui est de la course, Alaphilippe, en jaune depuis la première semaine, a payé l'addition dans l'Iseran. Il a lâché prise face au rythme imposé par l'équipe Ineos (Van Baarle, Poels) qui a lancé Bernal vers la victoire finale.
Il ne reste plus au Colombien qu'à franchir sans encombre la dernière étape de montagne, samedi, à Val Thorens, pour être quasi-certain de devenir le premier Colombien vainqueur du Tour.
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