La télévision nationale a arrêté ses programmes pour diffuser des versets du Coran, avant d'annoncer le décès du président à 10H25 (09H25 GMT).
Elu fin 2014, trois ans après la chute de Zine el Abidine ben Ali, Essebsi est mort à quelques mois de la fin de son mandat présidentiel.
"Que Dieu préserve la Tunisie", a écrit sur sa page Facebook son fils Hafedh Caïd Essebsi, également chef de file du parti présidentiel Nidaa Tounes, confirmant le décès de son père.
Il avait auparavant annoncé à l'AFP que son père avait été admis en soins intensifs à l'hôpital militaire de Tunis, près d'un mois après une précédente hospitalisation due à un grave malaise.
Son décès intervient le jour où la Tunisie célèbre la proclamation de la République en 1957, habituellement marqué par un discours du chef de l'Etat.
"Nous pleurons avec le peuple tunisien le regretté président Essebsi", a réagi la chancelière allemande Angela Merkel. "C'était un acteur courageux sur le chemin de la démocratie. Cette figure importante de l'intégration mérite un hommage honorable".
"Il faut que toute la classe politique assume sa responsabilité" durant cette période délicate, ont réagi des représentants de la société civile qui ont décidé d'annuler leur conférence de presse sur les blocages institutionnels à la suite du décès du président.
Après le décès d'Essebsi et en vertu de la Constitution, l'intérim revient au président du Parlement Mohammed Ennaceur, 85 ans, qui peut diriger le pays durant 45 à 90 jours.
Au delà de cette période, un nouveau chef de l'Etat doit arriver au pouvoir, ce qui impliquerait l'organisation d'une élection présidentielle anticipée fin octobre.
Le calendrier actuel prévoit des législatives le 6 octobre, suivies d'une présidentielle le 17 novembre.
Mais la constatation de la vacance du pouvoir passe par l'intervention de la Cour constitutionnelle, or huit ans après la révolution, la Tunisie n'est toujours pas dotée de cette institution cruciale car les partis au pouvoir ont maintes fois repoussé sa mise en place par calcul politique.
Démocratie fragile
Béji Caïd Essebsi, vétéran de la politique qui était le plus vieux chef d'Etat au monde en exercice après la reine Elizabeth II d'Angleterre, a servi aussi bien sous Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie, que sous Ben Ali, avant d'accéder lui-même à la présidence avec la mission paradoxale de consolider la jeune démocratie.
Pionnière des Printemps arabes de 2011, la Tunisie a poursuivi sur la voie de la démocratisation ces huit dernières années, malgré les soubresauts politiques, la morosité économique et des attaques jihadistes.
Huit ans après la révolution, la Tunisie reste fragile au plan sécuritaire.
Le pays a été frappé par de sanglantes attaques jihadistes au cours des dernières années, dont les plus violentes, revendiquées par le groupe Etat islamique (EI), ont eu lieu en 2015.
En mars 2015, 21 touristes et un policier avaient été tués dans une attaque contre le musée national du Bardo à Tunis. En juin de la même année, 38 touristes, en majorité britanniques, avaient été abattus à la kalachnikov sur une plage de Sousse par un assaillant arrivé par la mer.
En novembre, une attaque suicide contre un bus transportant des gardes présidentiels avait fait 12 morts.
La Tunisie est également menacée par le chaos libyen à ses frontières.
Economiquement, le pays est toujours fragile. Malgré une reprise fragile de la croissance après des années de marasme, la Tunisie peine à répondre aux attentes sociales et à faire baisser un chômage de 15%.
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