Le groupe de Chicago pourrait également cesser "temporairement" de produire le MAX en cas d'immobilisation prolongée au sol, a déclaré lors d'une conférence téléphonique son PDG, Dennis Muilenburg.
"Il y a une incertitude autour du calendrier de retour en service (...) et même si c'est quelque chose que nous ne voulons pas faire (...) nous devons nous préparer à cette hypothèse", a justifié le dirigeant.
Le MAX, cloué au sol depuis plus de quatre mois après deux accidents ayant fait 346 morts, est produit à Renton (nord-ouest) sur un site employant 12.000 personnes à temps plein, suivant une organisation du travail en trois-huit.
Cet accident industriel a précipité dans le rouge les comptes au deuxième trimestre, en raison d'une charge colossale de 5,6 milliards destinée à indemniser les compagnies aériennes, qui ont dû annuler des milliers de vols.
Le constructeur aéronautique avait gagné 2,2 milliards de dollars au deuxième trimestre 2018 et, jusqu'ici, sa plus lourde perte était de 1,6 milliard, enregistrée au troisième trimestre 2009.
La perte annoncée n'est pas une véritable surprise car le groupe de Chicago avait prévenu la semaine dernière qu'il allait inscrire cette charge exceptionnelle. Elle ne comprend, en revanche, ni les possibles indemnisations des familles des victimes, qui ont déjà porté plainte, ni les possibles amendes des autorités américaines, qui enquêtent sur le développement du 737 MAX.
Flou sur le retour en vol
Le chiffre d'affaires trimestriel a, lui, plongé de 35%, à 15,75 milliards de dollars, en raison de la suspension des livraisons du 737 MAX, dont l'effet commence à se faire sentir dans l'économie américaine, avec un impact sur les commandes de biens durables et les investissements notamment.
"La saga du 737 MAX va probablement continuer à affecter les investissements des entreprises", estime Gregory Daco, économiste chez Oxford Economics, interrogé par la radio NPR.
Le manque de visibilité sur le retour dans le ciel du MAX faisait reculer l'action de près de 2% à Wall Street vers 15H30 GMT.
Au vu de "cette incertitude", Boeing n'a pas donné d'objectifs financiers annuels mercredi, précisant qu'il le fera à une date ultérieure. En avril, l'entreprise avait déjà suspendu ses prévisions.
"Si notre estimation du retour en service (du MAX) devait changer, nous pourrions examiner des réductions de cadences de production supplémentaires et d'autres options, dont un arrêt temporaire de la production", a déclaré M. Muilenburg.
Boeing a dit, la semaine dernière, anticiper une levée de l'interdiction de vol au début du quatrième trimestre mais, mercredi, il s'est montré plus prudent, disant qu'il revenait aux régulateurs aériens d'en fixer la date.
"C'est la FAA (agence fédérale de l'aviation américaine) et les autres régulateurs aériens globaux qui vont déterminer quand est-ce que le 737 MAX retourne en service", a insisté Dennis Muilenburg. "Nous travaillons sans relâche pour répondre à leurs exigences", a-t-il ajouté.
Les principaux régulateurs aériens à travers le globe ont fait savoir qu'ils allaient examiner eux-mêmes les modifications apportées par Boeing et ne se fieront pas à la seule évaluation des autorités américaines.
En avril, le constructeur aéronautique a réduit ses cadences de production du MAX de 52 à 42 appareils par mois mais a annoncé jeudi qu'il envisageait de les augmenter à 57 unités mensuelles en 2020.
Boeing a aussi affirmé tester actuellement le correctif du système anti-décrochage MCAS du MAX, mis en cause dans les deux accidents d'Ethiopian Airlines et de Lion Air, et qu'il le soumettra "une fois remplies toutes les exigences en matière de certification de la FAA".
Southwest, American Airlines et United Airlines, les trois principales compagnies aériennes disposant du MAX dans leur flotte, ont pendant ce temps annulé leurs vols sur cet avion jusqu'à début novembre.
Les agences de notation Moody's et Fitch ont, elles, déjà prévenu qu'elles pourraient abaisser la note de solvabilité du groupe si l'interdiction de vol s'étalait jusqu'en 2020.
Autre coup dur: Boeing a dû repousser à début 2020 le premier vol d'essai de son long courrier 777X, en raison des problèmes survenus lors des tests du nouveau moteur GE9X de General Electric.
Les premières livraisons risquent, selon des sources industrielles à l'AFP, de ne pas intervenir avant 2021, au lieu de 2020 comme l'espère l'avionneur.
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