Dans son délibéré, dont les motivations n'étaient pas immédiatement disponibles, la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg a annoncé qu'elle faisait "droit à la requête en modification du plan" présentée vendredi dernier par le britannique Olympus Ltd., repreneur de l'usine de Saint-Saulve (Nord) et également maison mère de British Steel.
"C'est clairement la bonne solution, même si ce n'est pas une surprise pour nous, on a travaillé pour ça", s'est réjoui Me Guilhem Brémond, l'avocat d'Ascoval, désormais baptisé British Steel Saint-Saulve depuis le rachat par Olympus le 2 mai. Les juges strasbourgeois avaient alors validé le plan de reprise, mettant fin à des mois d'incertitudes pour les salariés nordistes.
Las! Trois semaines plus tard, British Steel, numéro 2 du secteur derrière Tata Steel, était mis en faillite par les autorités britanniques. Une décision qui n'impacte pas directement le site de Saint-Saulve mais qui a semé le doute quant à la solidité du dossier de reprise Olympus, qui devait donc présenter vendredi un plan amendé, en intégrant les conséquences de cette faillite, et qui a visiblement convaincu les juges.
Créée en 1975 par le sidérurgiste Vallourec, devenue Ascoval en 2017, l'aciérie, qui fabrique des tubes d'aciers spéciaux, attendait un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, auquel Vallourec avait cédé 60% de l'usine.
"Bonne chose", mais...
"C'est une bonne chose que le plan soit modifié (...) on veut continuer l'activité parce qu'il y a les moyens", a réagi Nacim Bardi, délégué CGT, insistant sur le fait que Saint-Saulve dispose actuellement d'un carnet de commandes et "travaille sans British Steel".
Porte-parole de l'intersyndicale CFDT, CGT et CFE-CGC et délégué CFDT, Bruno Kopczynski voit, lui, les choses d'un autre œil, et se dit "pas rassuré du tout" par un plan "validé sur d'énormes inconnues, des hypothèses".
Olympus - et, in fine, le fonds d'investisements Greybull Capital et son représentant Marc Meyohas, qui en détiennent les rênes - envisage de vendre à la découpe le groupe British Steel, pour ne garder que le site de Hayange (Moselle) et FN Steel (Pays-Bas), Saint-Saulve, où travaillent 270 personnes, les alimentant en acier.
Plus précisément, Greybull souhaite intégrer sous une seule bannière les activités de fabrication de rails (Hayange) et d'acier long (FN Steel) avec celles d'Ascoval, selon le quotidien britannique Financial Times.
Lors de l'audience vendredi, ce plan était toujours d'actualité, avaient indiqué à l'AFP Cédric Orban, directeur d'Ascoval, et Bruno Kopczynski.
"Foireux"
Sauf que pour M. Kopczynski, il repose sur une "grosse incertitude". "On ne sait pas quand on va récupérer" FN Steel, ni "si on va le récupérer", et "beaucoup de questions, (...) notamment sur les financements, les volumes" restent pour l'heure sans réponse de la part d'Olympus, s'inquiète le syndicaliste, qui aurait préféré que les juges repoussent leur décision.
"Comme toujours, ça va un peu trop vite (…) on a très peu confiance, c'est déjà la deuxième ou troisième fois que le tribunal de commerce valide des plans un peu +foireux+ et les salariés sont toujours méfiants et sur le qui-vive", a réagi Ludovic Bouvier, responsable régional de la CGT Métallurgie.
Début juin, l'avocat de la CGT, Me Fiodor Rilov, avait annoncé deux procédures devant la justice: l'une pour "demander l'annulation de la cession de l'usine" par Vallourec, l'autre "pour faire toute la lumière sur les intentions et le plan stratégique de British Steel" et Greybull.
Désormais, Bruno Kopczynski donne rendez-vous "en septembre, où ça devrait bouger en Angleterre" du côté de British Steel. "Maintenant, il faut attendre (...) on va continuer dans le pointillé pendant un bon bout de temps", lâche-t-il, fataliste.
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