Les félicitations du président américain n'ont pas tardé après la confirmation de la victoire de "Boris". "Il sera formidable", a-t-il tweeté.
Un message en ligne avec les superlatifs employés ces derniers mois par le milliardaire républicain pour encenser le nouveau chef des conservateurs britanniques. A l'opposé de ses critiques pour la Première ministre sortante, Theresa May, qui a fait à ses yeux "du très mauvais boulot sur le Brexit".
L'ère Trump-May a été délétère pour les relations entre les deux grands alliés transatlantiques, comme l'a encore montré la démission de l'ambassadeur britannique à Washington Kim Darroch, après la fuite de mémos peu flatteurs à l'égard du président américain.
Tandis qu'avec Trump-Johnson, "on pourrait avoir le partenariat le plus étroit entre des dirigeants des Etats-Unis et du Royaume-Uni depuis l'époque de Donald Reagan et de Margaret Thatcher", s'enthousiasme Nile Gardiner, ex-conseiller de la "Dame de Fer" aujourd'hui chercheur au centre de réflexion conservateur américain Heritage Foundation.
Tignasse blonde
Plusieurs raisons à cela: né à New York, le nouveau patron des Tories se dit déterminé à quitter l'Union européenne coûte que coûte à l'automne et "représente une vision clairement pro-américaine avec une affinité marquée pour l'alliance transatlantique", relève Nile Gardiner.
De quoi filer le parfait amour avec un Donald Trump pro-Brexit et volontiers anti-UE.
Tout, jusqu'à la tignasse blonde, semble rassembler les deux hommes portés au pouvoir par la vague populiste.
"Ce sont, sur le papier, des frères idéologiques, à droite, populistes, contre le politiquement correct et anti-establishment", énumère Ian Bremmer, président de la société d'expertise Eurasia Group.
Mais "leur relation est aussi beaucoup plus instable", prévient ce politologue interrogé par l'AFP.
Selon lui, "Boris Johnson et Donald Trump ont des personnalités similaires: aucun des deux n'est très porté sur l'idéologie, et tous deux s'intéressent d'abord à eux-mêmes".
Une analyse que semble confirmer le président américain lorsqu'il explique pourquoi il "aime" tant le nouveau dirigeant britannique: car il est "le Trump britannique", a-t-il résumé mardi.
Et comme tous deux veulent attirer la lumière, cela pourrait faire des étincelles si, par exemple, le gaffeur Johnson faisait de l'ombre au susceptible Trump. "Boris Johnson a vexé beaucoup de gens qui se vexent moins facilement que Donald Trump", prévient Ian Bremmer.
Négociations commerciales tendues
L'idylle n'a d'ailleurs pas toujours été au rendez-vous. Avant l'élection de l'homme d'affaires new-yorkais à la Maison Blanche, celui qui était alors maire de Londres disait vouloir "éviter certains quartiers de New York" pour ne pas risquer "d'y tomber sur Donald Trump".
En cause, des propos controversés du milliardaire républicain sur les musulmans et la radicalisation dans la capitale britannique. Depuis, l'ex-chef de la diplomatie britannique s'est démarqué à plusieurs reprises du président américain, comme récemment au sujet de ses attaques contre des élues démocrates issues des minorités.
Preuve que l'entente sur le fond risque d'être rapidement chahutée, Boris Johnson s'est aussi opposé à son nouvel "ami" sur l'Iran, menant en mai 2018 une mission de la dernière chance à Washington pour tenter en vain de le faire rester dans l'accord sur le nucléaire iranien. La crise avec Téhéran est à nouveau un révélateur des tensions latentes entre les deux alliés, puisque l'administration Trump a fait comprendre que l'arraisonnement iranien d'un tanker britannique était avant tout le problème de Londres.
Et alors que l'Américain a fait miroiter à Londres un accord commercial "extraordinaire" après le Brexit, et que le Britannique a surfé sur cette promesse pour garantir que le divorce européen serait bon pour l'économie, les négociations s'annoncent en fait tendues.
"Malgré les affinités, leurs intérêts ne sont pas toujours alignés", constate Luigi Scazzieri, du Centre for European Reform à Londres.
Selon lui, Boris Johnson, en position de faiblesse si les discussions avec Bruxelles tournent mal, risque de buter sur "les instincts +America first+ de Trump", qui a fait de "l'Amérique d'abord" son mot d'ordre. "Trump ne devrait faire aucune concession au Royaume-Uni", "au contraire il cherchera un maximum d'avantages pour les Etats-Unis en poussant les Britanniques à ouvrir leurs secteurs agricole et sanitaire", prédit-il. "Autant d'exigences qui pourraient aller jusqu'à rendre impossible la conclusion d'un accord."
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