L'AIEA a annoncé lundi le décès de son chef, sans donner de détails sur les circonstances de la mort de Yukiya Amano, âgé de 72 ans et malade depuis plusieurs mois.
Le diplomate japonais dirigeait depuis 2009 cette agence de l'ONU chargée notamment du suivi des engagements de l'Iran au titre de l'accord nucléaire de 2015.
Abbas Araghchi, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, a été parmi les premiers responsables internationaux à rendre hommage aux "compétences professionnelles" et à "l'habileté" de Yukiya Amano.
Le président russe Vladimir Poutine a dit "admirer sa sagesse et sa clairvoyance" et sa "capacité à prendre des décision éclairées dans les circonstances les plus difficiles".
Pour la mission diplomatique américaine auprès de l'AIEA, Yukiya Amano était "très respecté en tant que dirigeant et un diplomate efficace".
Yukiya Amano accomplissait son troisième mandat qui s'achevait en novembre 2021 mais devait annoncer cette semaine son départ anticipé en mars 2020 pour raisons de santé.
Dans la lettre qu'il devait envoyer à ses collaborateurs, le diplomate se félicitait "des résultats concrets" obtenus durant son mandat "pour atteindre l'objectif +l'atome pour la paix et le développement+", et se disait "très fier des réalisations" de l'agence, selon un communiqué de l'AIEA.
L'agence, dont le siège se trouve à Vienne, va devoir organiser sa succession alors qu'elle est mobilisée par le suivi du programme nucléaire iranien dans un contexte de montée des tensions entre Téhéran et Washington.
En riposte au retrait américain de l'accord nucléaire de 2015, Téhéran a commencé début juillet à s'affranchir de certaines obligations relatives à son programme nucléaire. L'AIEA a confirmé que le pays avait dépassé plusieurs plafonds autorisés.
L'Iran espère ainsi forcer les parties restantes à l'accord -France, Allemagne, Grande-Bretagne, Chine, Russie- à l'aider à contourner les sanctions américaines rétablies par le président américain Donald Trump et qui étranglent son économie.
Téhéran a menacé de se désengager un peu plus de l'accord au terme de chaque tranche de 60 jours, sans exclure une sortie de l'accord de Vienne et du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont l'AIEA est le garant.
L'AIEA inspecte l'Iran
Au titre du Protocole additionnel au TNP auquel Téhéran a souscrit en 2015, l'Iran a accepté que les inspecteurs de l'AIEA contrôlent toutes ses activités nucléaires, multiplient les visites de terrain inopinées et exploitent des milliers d'images de vidéosurveillance en temps réel. Yukiya Amano avait souligné que ce régime de vérification était le plus dur au monde.
A ce stade, la République islamique n'a pas remis en cause ces inspections et ce protocole dont elle était déjà sortie en 2006.
Conformément à sa tradition, l'AIEA réaffirme régulièrement rendre des expertises techniques, sans s'avancer sur le terrain politique. Mais elle n'en est pas moins régulièrement soumise à des tentatives de pressions dans ce dossier iranien à haute portée diplomatique, notamment de la part d'Israël et des Etats-Unis.
La nomination du patron de l'AIEA, qui rassemble 171 Etats au total, est décidée par les 35 Etats membres du conseil des gouverneurs de l'agence, comprenant notamment les pays les plus avancés en matière de technologie nucléaire.
Elu une première fois en 2009 pour succéder à l'Egyptien Mohamed El-Baradei, Yukiya Amano avait été reconduit en novembre 2017 pour un nouveau mandat de quatre ans.
Parmi les favoris pour succéder au diplomate japonais circulent les noms du Roumain Cornel Feruta, proche collaborateur de Yukiya Amano au poste de coordinateur en chef du bureau du directeur général et celui de Rafael Grossi, ambassadeur argentin auprès de l'AIEA.
Interrogé par l'AFP sur un risque de politisation de la désignation du successeur de Yukiya Amano, Mark Hibbs, chercheur associé au programme de politique nucléaire du centre Carnegie, estime que l'AIEA "va vouloir limiter le risque que l'élection s'aventure dans des domaines politiques", afin de rester concentrée sur ses missions techniques.
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