Il aura donc fallu attendre 29 ans pour que le fleuret masculin retrouve un champion du monde, le dernier titre remontant à Philippe Omnès en 1990 aux Mondiaux à Lyon. Et ce malgré d'immenses talents comme Brice Guyart, champion olympique à Athènes en 2004, ou Lionel Plumenail, vice-champion olympique en 1996 à Atlanta.
Une longue attente qui a explosé à l'issue de la finale complètement maîtrisée d'Enzo Lefort, contre le Britannique Marcus Mepstead (15-6): dans l'Arena de Budapest, comme de tradition, l'ensemble de l'équipe de France est montée sur la piste pour porter "Zozo" en triomphe.
"Je n'ai pas changé! Je suis là, comme s'il y avait un autre match à gagner mais en fait non, c'est bon il n'y a plus rien à gagner. Je peux me changer pour le podium. Je suis content des deux derniers matches que j'ai faits", a souligné Lefort après son sacre.
Car déjà en demi-finale, le fleurettiste de Melun a tout autant contrôlé son adversaire, le Russe Dmitry Zherebchenko, champion du monde en 2017 et qui faisait partie de l'équipe qui avait privé les Français de l'or olympique à Rio en 2016.
Un buvard
"Ce sont des matches très aboutis. J'ai été très sérieux, j'ai su rester concentré pour écouter les conseils de mon coach derrière. Et Dieu sait que ça me demande énormément de concentration", a expliqué Lefort.
"Félin" sur la piste à en croire son entraîneur Emeric Clos, Lefort est aussi un "buvard" capable d'absorber un maximum d'informations pour les utiliser. Mais c'est une attitude très récente pour le natif de Gouberville, qui a débuté l'escrime à Basse-Terre.
"Depuis un an et demi, il est beaucoup plus attentif sur les détails, plus à l'écoute, donc capable d'intégrer plus facilement les choses, de faire les efforts, moins vouloir discuter, un peu plus travailleur", note Plumenail, entraîneur adjoint au fleuret.
Véritable pari de l'équipe en place au Creps à Chatenay-Malabry lorsqu'il y est arrivé en 2007, le Guadeloupéen de 27 ans s'est rapidement imposé comme la pépite du fleuret masculin français, mais a tardé à éclore totalement au niveau mondial.
Son premier podium en 2014 aux Championnats du monde à Kazan (Russie) annonçait la couleur. Mais il a mis cinq ans à confirmer cette médaille.
"Ca fait cinq ans que je l'attends, depuis cette médaille de bronze. Après, toute l'euphorie est un peu redescendue. Entre temps, on a eu une belle médaille aux Jeux olympiques, des titres européens et mondiaux. C'est un gros titre individuel qui me manquait, il est là", a expliqué Lefort.
Papa dans quelques semaines
"Enzo, c'est un peu le diamant brut de cette équipe, il avait démarré très fort quand il est arrivé en équipe de France", a réagi Philippe Omnès
Sa maîtrise affichée en demi-finale et en finale à Budapest va de pair avec une sérénité sur le plan personnel: il est depuis un an diplômé de kinésithérapie et peut se consacrer totalement à sa carrière sportive grâce à l'Armée des champions, et un contrat avec l'Armée de l'Air.
Et dans quelques semaines, voire peut-être quelques jours, il va devenir papa pour la première fois, d'une petite fille.
"C'est sûr que ça joue. Grâce au ministère de la Défense, je peux me concentrer à 100% sur l'escrime. C'est très important pour moi. Et le fait d'être papa, j'imagine que je n'ai pas d'autres choix que de me responsabiliser", glisse-t-il avec le sourire.
Avant cet heureux événement, Lefort partira avec ses coéquipiers Erwann Le Pechoux, Maxime Pauty et Julien Mertine, à la conquête du titre mondial par équipes (le dernier pour la France remonte à 2014), qui pourrait les placer en orbite pour la qualification olympique.
A LIRE AUSSI.
Escrime: du bronze pour finir une campagne d'Allemagne réussie aux Mondiaux de Leipzig
Escrime: Lefort en or au fleuret, une première pour la France depuis 1990
Escrime: l'épée masculine toujours au sommet, malgré les changements
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.