Jusqu'au bout, l'épopée des Verts --au fond du trou il y a deux ans avec une élimination sans gloire dès le 1er tour de la CAN-2017 et une instabilité chronique autour du poste de sélectionneur-- aura été inattendue. A tel point que le programme des festivités était toujours inconnu, juste après le coup de sifflet final, vendredi soir !
"Il y aura beaucoup d'improvisation mais ce qui est sûr, c'est que beaucoup de monde nous attendra à Alger. Le bus est prêt, les Algériens sont prêts à faire la fête", avait déclaré le président de la fédération algérienne, Kheïreddine Zetchi, après le match.
Samedi matin, des précisions sont venues d'Alger: c'est à l'aéroport Houari-Boumediène que les héros algériens vont atterrir à 14h00 (15h00 française, 13h00 GMT), où une cérémonie leur sera réservée, selon une source gouvernementale.
Au programme également, un "déjeuner officiel" au Centre international de conférences d'Alger, en l'honneur des joueurs et du staff, avec à sa tête le sélectionneur Djamel Belmadi.
La même source n'a pas précisé si le président par intérim Abdelkader Bensalah sera présent, alors qu'il a assisté à la finale au stade du Caire, comme les milliers de supporters algériens qui ont fait le déplacement.
La radio nationale a annoncé que "les joueurs paraderont à Alger dans un bus spécialement aménagé".
En plein mouvement de protestation contre l'élite politique au pays ("hirak"), ce sacre prend une dimension particulière.
"Un moment très particulier"
"Toute l'Algérie va être dans la rue, cela va être incroyable. Je l'ai vécu en 2014 (après le premier 8e de finale de Coupe du monde de l'histoire de la sélection algérienne, NDLR), c'était incroyable. Mais là, ça va être pire !", s'attend à vivre le N.10 algérien Sofiane Feghouli.
D'Oran, la ville natale du buteur décisif Baghdad Bounedjah, à Paris et Marseille, où il y a une importante diaspora, les supporters des Fennecs ont célébré la victoire toute la nuit dans une ambiance festive dans l'ensemble, malgré quelques incidents.
La deuxième étoile africaine des Fennecs arrive dans "un moment très particulier", souligne le président de la fédération algérienne, alors que le pays connaît un mouvement de contestation politique inédit depuis fin février.
"Cette victoire va très certainement insuffler un souffle nouveau", a-t-il estimé, ajoutant que la prestation de ses joueurs s'est aussi réalisée "sous l'impulsion de cet extraordinaire élan populaire qui est en train d'emmener l'Algérie vers des jours meilleurs".
Si les joueurs ont unanimement reconnu l'importance du "hirak" dans leur épopée, un nom est sur toutes les lèvres pour expliquer la raison de cette renaissance sportive: Djamel Belmadi. L'homme qui a transformé, en moins d'un an, une équipe moribonde, absente du Mondial-2018, en une machine à gagner.
Hommage à Belmadi
"Il mérite tous les éloges, c'est grâce à lui qu'on en est là. Il nous a suivi depuis le début. Il a reconstruit l'équipe, il a tout fait ! C'est sûr que les acteurs, ce sont nous, mais autour tout était parfait. Il faut lui rendre hommage parce qu'il en est pour beaucoup", a déclaré Riyad Mahrez.
"Lors de ma première conférence de presse, on me demandait si c'était une CAN de transition. Non, on y est", s'est félicité Djamel Belmadi, dans une joie intense mais contenue. "C'est magnifique ce qu'ont fait les garçons, il faut les féliciter vraiment. Ils ont été à la hauteur des attentes du peuple."
Symbole de la transformation des Fennecs, Mahrez, auteur d'un coup franc d'anthologie en demi-finale, a semblé devenir un autre joueur depuis qu'il a hérité du brassard de capitaine: "J'ai toujours eu beaucoup de responsabilités en sélection. Mais en ayant le brassard, il m'a donné beaucoup de confiance".
Avec des jeunes talents comme Ismaël Bennacer, élu meilleur joueur du tournoi à seulement 21 ans, ou Youcef Atal, l'avenir de la sélection algérienne s'annonce radieux. D'autant plus qu'elle ne s'appuie plus exclusivement sur les Binationaux, qui représentent encore 14 joueurs sur 23, mais aussi sur une vague de talents locaux comme Youcef Belaïli et Baghdad Bounedjah.
"Franchement il n'y a rien de plus dur que de gagner une Coupe d'Afrique, à 24 équipes, et à l'extérieur", s'est félicité Sofiane Feghouli, fer de lance de la désormais génération dorée 2014-2019. "Mais c'est à domicile que la fête sera la plus forte !"
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