"Alors que les militaires s'apprêtaient à disposer des charges explosives pour détruire les installations souterraines des orpailleurs, huit d'entre eux ont été victimes d'émanations toxiques au fond d'une galerie. Immédiatement évacués et pris en charge par les premiers secours, trois militaires sont décédés", a rapporté la ministre des Armées, Florence Parly, dans un communiqué faisant part de sa "tristesse".
Le sergent-chef Edgar Roellinger, 27 ans, le caporal-chef de 1ère classe Cédric Guyot, 31 ans, et le caporal-chef de 1ère classe Mickaël Vandeville, 30 ans, appartenaient au 19e régiment du génie de Besançon, selon l'état-major des armées.
Cinq autres militaires ont été évacués à Cayenne. "L'un d'entre eux est dans un état grave", selon les autorités françaises.
On ignore pour l'instant d'où proviennent ces émanations toxiques. Selon un ancien protagoniste de l'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane, "on peut penser qu'il s'agit d'une intoxication au monoxyde de carbone (CO). Les orpailleurs mettent en place des systèmes de ventilation rudimentaire, le plus souvent avec des souffleurs de feuilles afin de ventiler le puits".
Un pompier de Guyane émet l'hypothèse d'"un groupe électrogène qui aurait fonctionné à proximité de l'entrée de la cavité et dont les émanations de gaz seraient descendues au fond de la cavité. Autre possibilité, un perçage de poche qui aurait entraîné des émanations toxiques mais, de mémoire, je n'ai pas d'exemple de ce type en Guyane. Sur cette seconde possibilité, on aurait dû retrouver des orpailleurs morts dans le puit".
Les puits d'orpailleurs clandestins peuvent aller jusqu'à 30-40 m de profondeur, avait constaté l'AFP en juin lors d'une visite d'un site démantelé par l'armée. Ces puits sont reliés entre eux par des galeries, souvent fragiles.
L'accident a eu lieu à Saint-Jean d'Abounami, dans le sud-ouest de la Guyane, à 150 km au sud de Saint-Laurent du Maroni. Dans un secteur sans voie terrestre vers le littoral et sans réseau téléphonique, au sein du Parc amazonien de Guyane, vaste espace protégé qui abrite un nombre croissant de sites aurifères illégaux.
Sites illégaux en hausse
Pendant la dernière mission de survol du parc, fin janvier, 132 sites aurifères illégaux y ont été recensés, soit dix de plus qu'en août 2018, lors de la précédente mission aérienne. Il s'agit de l'un des chiffres les plus élevés de ces onze dernières années.
L'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane mobilise chaque jour plus de 500 soldats, gendarmes, douaniers, policiers ou gardes forestiers, déployés sur un territoire plus vaste que l'Écosse où sévissent environ 10.000 orpailleurs clandestins, souvent venus du Brésil.
En 2018, 1.323 patrouilles, soit en moyenne onze par jour, ont permis la destruction de 765 sites clandestins et la saisie de 26 millions d'euros de matériel et d'avoirs criminels.
Les trois militaires "ont toute la reconnaissance de la Nation", a réagi sur Twitter la ministre des Outre-mer Annick Girardin.
Ce n'est pas la première fois que des militaires meurent dans le cadre de l'opération Harpie.
En 2012, deux militaires du 9e régiment d'infanterie de marine (Rima) ont été tués par des orpailleurs clandestins pendant une opération à Dorlin (sud-ouest).
En décembre 2017, un soldat qui regagnait en pirogue sa base de Saint-Jean-du-Maroni au terme d'une mission contre l'orpaillage illégal a été tué par un tir de sa propre arme.
Et en août 2018, un militaire est décédé et treize autres ont été blessés, lors d'un accident de la route.
dab-ff-bur-caz/cs/map
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