"J'ai appris cette nuit avec beaucoup de tristesse la mort accidentelle de trois militaires français lors d'une mission dans le cadre de l'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane", a réagi jeudi la ministre des Armées, Florence Parly, dans un communiqué.
"Alors que les militaires s'apprêtaient à disposer des charges explosives pour détruire les installations souterraines des orpailleurs, huit d'entre eux ont été victimes d'émanations toxiques au fond d'une galerie. Immédiatement évacués et pris en charge par les premiers secours, trois militaires sont décédés", précise-t-elle.
Le sergent-chef Edgar Roellinger, 27 ans, le caporal-chef de 1ère classe Cédric Guyot, 31 ans, et le caporal-chef de 1ère classe Mickaël Vandeville, 30 ans, appartenaient au 19ème régiment du génie de Besançon, selon l'état-major des armées.
Cinq autres militaires ont été évacués à Cayenne où ils ont été hospitalisés. "L'un d'entre eux est dans un état grave", selon les autorités françaises.
Le parquet de Cayenne avait confirmé à l'AFP mercredi soir (jeudi heure de Paris) des informations du média local Guyane la 1ère faisant état de la mort de trois soldats.
Le tragique accident a eu lieu dans une zone forestière isolée du sud-ouest guyanais, à Saint Jean d'Abounami, à 150 km au sud de Saint-Laurent du Maroni.
Ce secteur, sans voie terrestre vers le littoral et sans réseau téléphonique, se situe au sein du Parc amazonien de Guyane, vaste espace protégé, qui abrite un nombre croissant de sites aurifères illégaux.
Les puits d'orpailleurs clandestins peuvent aller jusqu'à 30-40 m de profondeur, avait constaté l'AFP en juin lors d'une visite d'un site démantelé par les forces armées, à Cacao, dans l'est de la Guyane. Ces puits, parfois peu étayés, sont ensuite reliés entre eux par des galeries, souvent très fragiles. Un militaire avait alors expliqué à l'AFP qu'il était très risqué de s'y aventurer.
Sites illégaux en hausse
Pendant la dernière mission de survol du parc, fin janvier, 132 sites aurifères illégaux y ont été recensés, soit dix de plus que fin août 2018, lors de la précédente mission aérienne. Il s'agit de l'un des chiffres les plus élevés de ces onze dernières années.
L'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane française mobilise chaque jour plus de 500 soldats, gendarmes, douaniers, policiers ou gardes forestiers, déployés sur un territoire plus vaste que l'Écosse où sévissent environ 10.000 orpailleurs clandestins, la plupart venus du Brésil.
En 2018, 1.323 patrouilles, soit en moyenne onze par jour, ont permis la découverte et la destruction de 765 sites clandestins et la saisie de 26 millions d'euros de matériel et d'avoirs criminels.
L'an dernier, 193 pirogues, plus de deux cents armes, 110 quads et 547 groupes électrogènes ont été confisqués ou détruits.
"Hommage à nos soldats tués lors d'une intervention dans le cadre de l'opération Harpie. La destruction des sites d'orpaillage illégal en Guyane mobilise @Gendarmerie @onf @douane_france @PoliceNationale et reste une mission dangereuse", a réagi sur Twitter le président du Sénat Gérard Larcher.
Ce n'est pas la première fois que des militaires meurent dans le cadre de l'opération Harpie.
En 2012, deux militaires du 9e régiment d'infanterie de marine (Rima) avaient été tués par des orpailleurs clandestins pendant une opération de lutte contre l'orpaillage illégal à Dorlin (sud-ouest de la Guyane), sur le territoire de Maripasoula.
En décembre 2017, un soldat français, qui regagnait en pirogue sa base de Saint-Jean-du-Maroni au terme d'une mission contre l'orpaillage illégal, avait été tué par un tir de sa propre arme.
Et en août 2018, un militaire du 3e régiment étranger d'infanterie (REI) est décédé et treize autres ont été blessés, dont cinq grièvement, lors d'un accident de la route en Guyane.
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