Lors d'une ultime session de questions-réponses à Londres, Boris Johnson et Jeremy Hunt devront expliquer, l'un après l'autre, comment ils comptent renégocier l'accord de sortie conclu entre la Première ministre sortante Theresa May et l'Union européenne - un défi de taille car Bruxelles a fermement refusé d'en rediscuter jusqu'à présent.
Six jours avant la désignation du nouveau Premier ministre, les craintes d'un Brexit sans accord ont encore fait chuter la livre sterling, qui a touché mercredi de nouveaux plus bas face à l'euro et au dollar.
Au coeur des préoccupations: le "filet de sécurité" irlandais. Boris Johnson et Jeremy Hunt veulent conclure un accord sans ce dispositif controversé ("backstop" en anglais) qui crée, en dernier recours, un "territoire douanier unique". L'objectif est notamment d'éviter le retour d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande voisine pour préserver les accords de paix de 1998.
"Le backstop, comme il est, est mort, on doit trouver un autre moyen", a déclaré lundi lors d'un débat Jeremy Hunt, d'habitude connu pour ses positions moins tranchées que Boris Johnson, grand favori des militants. MM. Johnson et Hunt estiment que des moyens technologiques avancés pourraient permettre de contrôler les biens traversant la frontière irlandaise, et ce sans imposer de frontière "dure".
Pour Ursula von der Leyen, élue mardi à la tête de la Commission européenne, l'accord de retrait "apporte de la sécurité en préservant les droits des citoyens et la paix et la stabilité de l'île d'Irlande, alors que le Brexit crée de l'incertitude". "Ces deux priorités sont les miennes aussi", a-t-elle insisté.
Le gagnant, quel qu'il soit, va "se rendre compte qu'il va avoir besoin de faire des compromis", a jugé de son côté la ministre britannique du Travail, la conservatrice Amber Rudd. Son nom sera connu le 23 juillet et il devrait prendre ses fonctions le lendemain.
- Suspension du Parlement britannique ?
Mercredi, Theresa May a prononcé à Londres son dernier grand discours avant son départ de Downing Street, déclarant ne pas avoir de "plus grand regret" que ne pas avoir su mettre en oeuvre le Brexit, prévu initialement le 29 mars mais repoussé au 31 octobre.
Ancien ministre des Affaires étrangères et grand artisan de la victoire du référendum en faveur de la sortie de l'UE en 2016, Boris Johnson compte sur un "optimisme" déterminé pour y parvenir sans céder aux 27.
Ursula Von der Leyen s'est dite "prête" à un nouveau report du Brexit, si "une bonne raison" le justifie. Mais Boris Johnson s'y oppose et, pour lui, le Royaume-Uni quittera l'UE le 31 octobre, accord ou pas.
Il a aussi refusé d'écarter la possibilité de suspendre le Parlement britannique, qui pourrait vouloir bloquer une sortie sans accord. Selon la chaîne britannique Sky News, ses équipes considèrent la possibilité de terminer la session parlementaire plus tôt que prévu, ce qui empêcherait les députés de s'opposer à un "no deal" si un tel scénario se profilait fin octobre.
Au contraire Jeremy Hunt a assuré qu'il ne suspendrait pas le Parlement. L'actuel chef de la diplomatie britannique met en avant ses qualités de négociateur en tant qu'ancien chef d'entreprise à succès. Lundi, il a dit que s'il devenait chef du gouvernement, il consacrerait son mois d'août à "la construction" du nouvel accord, le mois de septembre à "discuter avec l'UE" et qu'il "permettrait" un report de "quelques jours de plus" en cas d'accord.
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