"Une voix adorée, source d'inspiration et héroïque s'est tue et nous prive d'un compatriote exceptionnel et d'une icône de la cohésion sociale et de l'antiracisme", a salué avec emphase le chef de l'Etat, Cyril Ramaphosa. "Johnny Clegg vivra toujours dans nos cœurs et dans nos foyers".
Johnny Clegg est décédé mardi à son domicile de Johannesburg des suites d'un cancer du pancréas.
Né en Grande-Bretagne, Johnny Clegg avait puisé dans la culture zoulou son inspiration pour concevoir une musique mêlant rythmes africains et pop occidentale, défiant ouvertement le régime de l'apartheid.
Son album "Scatterlings of Africa" en 1982 l'avait propulsé en tête des hit-parades en Grande-Bretagne et en France.
Un de ses plus grands tubes planétaires, "Asimbonanga" ("Nous ne l'avons pas vu", en langue zoulou), est dédié à Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid.
La Fondation qui perpétue l'héritage du premier président noir du pays a rendu hommage mercredi à "l'icône de la musique et au combattant de la liberté". "Nous continuerons à chanter Asimbonanga et nous continuerons à œuvrer pour le pays de ses rêves", a-t-elle écrit sur son compte Twitter.
"Il était juste un don de Dieu", a renchéri, ému, Sipho Mchunu, avec lequel Johnny Clegg avait fondé, à 17 ans, son premier groupe baptisé "Juluka". "Il était plus qu'un frère (...), j'ai le cœur brisé", a ajouté le musicien sur la radio d'information 702.
"Un exemple pour le pays"
De nombreux Sud-Africains ont joint leur voix à ces hommages, dans un pays toujours agité de vives tensions raciales un quart de siècle après la chute du régime raciste blanc.
"Si vous pensez que Johnny Clegg était juste un gars blanc qui parlait zoulou, vous n'avez rien compris à ce qu'il a fait pour la culture et à toutes les portes qu'il a ouvertes aux artistes", a tweeté l'un de ses admirateurs, Thabane Ndamase-Thabethe.
"Il est d'abord et surtout tragique de perdre un tel artiste et un tel exemple pour notre pays", a réagi à l'AFP un musicien du Cap, Stefan Ehrenreich, "son style de musique qui mélangeait les races et les cultures était absolument unique".
"Sa musique traversait les cultures (...), il a été arrêté à plusieurs reprises", a également rappelé à l'AFP un homme d'affaires de la même ville du Cap, Andre Ford, "mais cela ne l'a pas empêché de continuer et de faire tomber les barrières de l'apartheid".
Les hommages au "Zoulou blanc" se sont élargis à tout le continent africain et en Europe.
La star sénégalaise Youssou N'Dour qui, comme lui, a ouvert la pop internationale aux sonorités africaines, a ainsi rappelé qu'il avait "marqué à jamais le monde par sa lutte anti-apartheid très audacieuse". "Nous lui serons éternellement reconnaissants pour sa chanson Asimbonanga", a-t-il ajouté.
Moussa Soumbounou, le directeur général de Universal Music Africa, a salué "l'un des symboles de la réconciliation post-apartheid en Afrique du Sud". "Au-delà de l'immense talent qui était le sien, il a cristallisé et accompagné la sortie de cette période délicate de l'histoire africaine".
"Quelle tristesse... une part de nos combats et de nos engagements de jeunesse s'en vont avec lui", a tweeté pour sa part l'ex-Premier ministre socialiste français Manuel Valls.
Un hommage public à l'artiste doit être organisé en Afrique du Sud à une date à préciser, a fait savoir son manager Roddy Quin. Ses obsèques seront elles célébrées dans la plus stricte intimité.
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