"Le président a souhaité que cela aille extrêmement vite", commente une source proche de l'exécutif, contrairement à plusieurs remplacements précédents qui avaient traîné en longueur.
Le ministère de l'Ecologie, déjà plombé par la démission surprise de Nicolas Hulot fin aout 2018, ne pouvait rester vacant trop longtemps, alors que son enjeu politique s'est encore accru avec la montée des Verts aux Européennes.
En choisissant une remplaçante à l'intérieur du gouvernement, Emmanuel Macron évite le délai de plusieurs jours imposé aux nouveaux entrants par les vérifications de la Haute autorité pour la transparence de la vie politique.
La nomination de Mme Borne, 58 ans, dont le portefeuille était déjà placé sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, "est une évidence", a commenté la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
Le choix de Mme Borne n'illustre pourtant ni l'écologie politique ni un geste en direction des Verts. Ex-directrice de la RATP de 2015 à 2017, ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l'Ecologie en 2014, Mme Borne est avant tout "une femme de terrain", ancienne préfète de la Région Poitou-Charentes et préfète de la Vienne, fait valoir une source gouvernementale.
"Elle a construit une relation avec les élus locaux à travers les différents textes qu'elle a eu à défendre" et "est opérationnelle tout de suite pour défendre la loi énergie-climat" actuellement au Sénat, souligne cette même source.
"Poursuivre le combat"
"Déterminée à poursuivre ce combat essentiel qu'est la transition écologique et solidaire. Au travail dès demain", a tweeté la ministre mardi soir.
Mme Borne n'incarne pas spécialement les sujets écologiques, à l'inverse de M. de Rugy ou de Nicolas Hulot. Mais "quand on parle de réchauffement climatique, la clé est dans les transports", souligne un conseiller de l'exécutif.
Titulaire d'un double portefeuille, Elisabeth Borne n'aura pas le titre de ministre d'Etat comme ses deux prédécesseurs.
Mais "cela n'a aucune incidence sur la volonté du gouvernement de mener une action résolue en faveur de l'Ecologie", assure l'Elysée qui rappelle ses projets sur l'économie circulaire ou la récente création du Conseil de défense écologique.
Ce n'est pas l'avis de l'opposition: "Nommer à l'Ecologie celle qui s'apprête à remettre 25.000 camions sur les routes en fermant la ligne Perpignan-Rungis, c'est fort!", a aussitôt tweeté le PCF.
"Deux enseignements : le banc de touche de l'équipe Macron est terriblement pauvre. L'écologie est rétrogradée en 2e division en perdant son ministère d'Etat", a critiqué de son côté Julien Odoul (RN).
"Une excellente nouvelle pour la transition écologique et solidaire ! L'alliance des convictions et des compétences", s'est félicité au contraire le député LREM Aurélien Taché.
Tourner la page
L'exécutif veut surtout tourner au plus vite la page d'une affaire de Rugy qui depuis une semaine alimente des soupçons au sein d'un gouvernement qui entend défendre "l'exemplarité".
Au point que de nombreux membres de la majorité, toujours marqués par la crise des "gilets jaunes", ne cachaient pas leur désir d'une démission rapide de l'ancien président de l'Assemblée. Emmanuel Macron a dit respecter la "décision personnelle" du ministre "pour qu'il puisse se défendre pleinement et librement".
Englué depuis une semaine dans un feuilleton médiatique sur son supposé train de vie fastueux, photos de homards et champagne à l'appui, François de Rugy a démissionné mardi, peu avant la publication d'une nouvelle salve d'informations sur une utilisation contestée de ses indemnités parlementaires en 2013-2014.
Il a dénoncé un "lynchage médiatique" et a dit avoir porté plainte contre Médiapart. Sur Twitter, il a confié mardi qu'il pensait "aux mots" de François Mitterrand à l'égard de Pierre Bérégovoy, qui s'était suicidé le 1er mai 1993. L'ancien président avait alors déclaré que son Premier ministre avait été "livré aux chiens".
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