Cette proche de la chancelière Angela Merkel, désignée le 2 juillet dernier par les dirigeants européens lors d'un sommet de trois jours à Bruxelles, a obtenu 383 voix dans un vote à bulletins secrets.
Dans sa première déclaration après son élection, elle a invité tous les eurodéputés à travailler ensemble "de façon constructive".
Elle devait recueillir une majorité absolue de 374 voix, quel que soit le nombre de votes exprimés, pour succéder en novembre au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui appartient à la formation de droite PPE comme elle.
En 2014, Ce dernier avait obtenu 422 suffrages contre 250.
Issue incertaine jusqu'à la fin
Jusqu'à une heure avant le début du scrutin, l'issue du vote est restée incertaine, même si en théorie le cumul des voix des trois groupes majoritaires du parlement et proeuropéens, le PPE, les sociaux-démocrates et les libéraux-centristes de Renew Europe, dont font partie les macronistes français, pouvait lui accorder une victoire confortable, avec 444 voix.
Le choix de la ministre de la Défense allemande a en effet crispé nombre d'eurodéputés, car les dirigeants de l'UE avaient fait fi des candidats présentés par le Parlement.
Le résultat très serré avec 19 voix de plus que la majorité signifie que nombre de députés pro-européens ont refusé de lui accorder leur soutien malgrès les consignes de leurs présidents de groupe.
Le PPE et ses 182 élus avaient promis de soutenir massivement Ursula von der Leyen. Avis également très favorable de Renew Europe, qui attendait "moins de cinq" dissensions de la part de ses 108 élus.
Le jeu était beaucoup plus délicat du côté des sociaux-démocrates. Si officiellement, le groupe S&D (154 élus) avait annoncé sur Twitter "soutenir" Ursula von der Leyen, selon une source interne, environ deux tiers voulaient voter pour et environ un tiers contre, dont les socialistes français et les députés allemands. Ces derniers étaient particulièrement virulents contre la candidature de leur compatriote, sur fond de coalition gouvernementale en difficulté en Allemagne.
Quatrième force politique du Parlement européen, les Verts (74 élus) avaient été clairs: ils voteraient contre.
La co-présidente du groupe, Ska Keller, avait estimé que les propositions faites par Ursula von der Leyen n'étaient "vraiment pas suffisantes", tandis que le Belge Philippe Lamberts refusait d'être la béquille d'une majorité parlementaire fragile "qui s'est faite sans nous".
Source potentielle d'embarras pour Ursula von der Leyen, la balance pouvait pencher d'un côté ou de l'autre avec les voix des eurosceptiques.
Les Conservateurs et réformistes (CRE, 62 élus) étaient restés flous. Le PiS polonais qui en fait partie avait cependant annoncé au dernier moment qu'il voterait en sa faveur.
Le groupe d'extrême droite "Identité et Démocratie" (73 membres, dont ceux de la Ligue italienne, du Rassemblement national RN français et de l'AfD allemand) avait en revanche annoncé voter contre, ce dont la ministre allemande s'était dit "quelque peu soulagée".
Un "pacte vert"
Groupe le plus petit, l'extrême gauche (GUE/NGL, 41 élus) avait aussi annoncé qu'il s'opposerait à sa candidature.
Pendant quatre heures mardi matin, Ursula von der Leyen avait tenté un ultime effort pour convaincre les eurodéputés, en mettant notamment l'accent sur ses engagements en faveur du climat.
Affichant sa "grande fierté" que ce soit "finalement une femme" qui soit candidate à la présidence de la Commission, cette médecin de formation de 60 ans, mère de sept enfants, avait promis en ouverture de son discours un "green deal" ("pacte vert") pour l'UE dès les 100 premiers jours de son mandat.
S'exprimant avec aisance en français, allemand et anglais, Ursula von der Leyen avait aussi confirmé son soutien à la neutralité carbone en 2050 qui sera inscrite dans la "première loi européenne sur le climat" et soutenu un objectif plus ambitieux de réduction des émissions CO2 de 50% en 2030, voire de 55%.
Elle avait également promis une commission paritaire, un droit d'asile plus uniforme, la reconnaissance du droit d'initiative du Parlement pour des textes de loi - actuellement réservé à la seule Commission - , une convention pour l'avenir de l'Europe et un système de réassurance chômage européen pour aider les pays en crise.
La ministre allemande qui doit démissionner mercredi de son poste de ministre doit prendre la tête de la Commission le 1er novembre, au lendemain de la date actuellement fixée pour le Brexit. Elle s'est dite mardi "prête" à un nouveau report du divorce entre l'UE et le Royaume-Uni.
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