Il faut arriver à le visualiser : la rue du Change qui longe la cathédrale de Rouen (Seine-Maritime) n'a pas toujours été une rue. Ce sont les fouilles réalisées depuis lundi 8 juillet 2019 qui l'attestent. Les travaux de voiries du centre historique ont permis à huit archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) de travailler pendant une semaine sous le sol. L'Inrap est un établissement public, placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche, qui assure l'étude du patrimoine archéologique. Les travaux rue du change concernant la voirie, les fouilles se sont déroulées en surface, à quelques centimètres de profondeur.
Des constructions datant du moyen-âge.
"On pense qu'elle faisait 27 m sur 17 m", affirme l'experte Bénédicte Guillot, dirigeante des opérations. "L'emplacement de l'église était déjà mentionné dans les archives, mais nous ne savions pas exactement comment elle était disposée." Jusqu'au début du XXe siècle, l'église de la madeleine de l'hôtel dieu, datant du XIVe siècle, était située sur l'actuel rue du change. "C'était un peu le CHU de l'époque", explique Bénédicte Guillot.
600 ans plus tôt se trouvait dans cet alignement l'église de la madeleine, appartenant à l'hôtel-dieu. - Clémence Hervieu
L'église de la madeleine fut, par la suite, désacralisée et transformée en maisons d'habitations, chacune larges de 4 m. Il faut donc imaginer que, jusqu'au milieu du XXe siècle, des maisons étaient accrochées le long de la cathédrale. En 1940, les maisons attenantes à la cathédrale Notre Dame ont été volontairement dynamitées, pour éviter que le feu d'incendies ne se propagent jusqu'au monument.
Des bouteilles fondues par la chaleur des incendies ont été retrouvées pendant les fouilles. - Clémence Hervieu
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la ville est reconstruite, mais sans tenir compte de l'ancien agencement. "C'est avec surprise que nous découvrons ce canal!", poursuit Bénédicte Guillot. Un canal passait en effet sous la cathédrale et permettait d'alimenter l'hôtel dieu en eau. La surprise: l'aqueduc n'est pas disposé de la même manière que le mentionnait les archives...
Les archéologues ont découvert les traces d'un aqueduc datant du Moyen Âge. - Clémence Hervieu
Un puzzle qui s'assemble
"Rouen est une ville historique emblématique. Il est important de connaître l'archéologie rouennaise. C'est un puzzle qui s'assemble au fur et à mesure", annonce Claude Le Potier, directeur interrégional Grand Ouest de l'Inrap.
Un bocal de verre a aussi été retrouvé, contenant une substance fondue qui va être examinée pendant les travaux post-fouilles. - Clémence Hervieu
La photogrammétrie, qui vient récemment d'être utilisée par les archéologues, aide considérablement les fouilles. Cet outil permet de visualiser à l'aide d'une photo les anciens bâtiments sur l'ordinateur, vus du ciel, mais aussi en 3D. La photogrammétrie de ces fouilles est actuellement en traitement et sera disponible au public l'année prochaine.
Les fouilles actuelles sont pour l'instant très peu invasives pour conserver les vestiges archéologiques, dans l'espoir que les futurs appareils seront plus performants pour les étudier. La suite des travaux concernera, dès septembre 2019, la rue des bonnetiers, ainsi que les alentours de l'aître Saint Maclou.
En juin 2020, les objets trouvés pendant ces fouilles seront exposées pendant les journées de l'archéologie, au musée des antiquités à Rouen.
A LIRE AUSSI.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.