Les deux ossuaires ont été localisés dans le sous-sol du Collège pontifical teutonique du Vatican et doivent être inspectés en fin de semaine, à la suite de l'ouverture jeudi des tombes de deux princesses inhumées au XIXe siècle dans le petit cimetière de ce collège.
Les tombes des princesses ont été ouvertes pour rechercher les restes d'Emanuela Orlandi, fille d'un employé du Vatican et elle-même citoyenne du Vatican, disparue le 22 juin 1983 alors qu'elle sortait d'un cours de musique à Rome.
L'été dernier, l'avocate de la famille avait reçu un mystérieux message anonyme avec les mots "Cherchez à l'endroit où pointe l'ange", accompagné du cliché d'une tombe. Un ange sculpté en marbre lisant sur une tablette l'inscription "Repose en paix" trône effectivement dans le Cimetière teutonique du Vatican.
La famille Orlandi avait alors déposé une demande de vérification de la tombe et le Vatican en a finalement ouvert deux, adjacentes, afin d'éliminer d'éventuels doutes sur la sépulture indiquée par l'ange.
Mais les deux tombes étaient vides: pas de trace d'Emmanuela Orlandi, ni même de la princesse Sophie von Hohenlohe (morte en 1836) et de Charlotte-Frédérique de Mecklembourg (morte en 1840).
Une issue surprenante qui a toutefois débouché sur un nouveau rebondissement, le Saint-Siège annonçant deux jours plus tard la localisation de deux ossuaires situés dans le sous-sol du collège.
Le Saint-Siège a retrouvé des documents sur des travaux d'agrandissement du Collège pontifical, qui ont également concerné le cimetière, effectués entre les années 1960 et 1970.
Les experts estiment que les restes des deux princesses ont pu être transférés dans les ossuaires à cette occasion. En revanche, Manuela Orlandi a disparu des années plus tard.
'Omertà'
Les deux ossuaires sont accessibles par une trappe qui a été scellée dans l'attente de l'inspection programmée samedi à partir de 09H00 (07H00 GMT), en présence de représentants de la famille Orlandi.
L'énigmatique affaire Orlandi avait connu un énième rebondissement fin octobre après la découverte de restes humains à l'occasion de travaux dans un bâtiment du parc de l'ambassade du Saint-siège auprès de l'Italie à Rome.
La presse s'était emballée mais des examens scientifiques avaient conclu que les ossements, très anciens, n'étaient pas ceux d'Emanuela.
Si le frère d'Emanuela, Pietro Orlandi, accuse régulièrement d'"omertà" le Saint-Siège, ce dernier estime qu'il a toujours montré sa "proximité" à la famille Orlandi, en particulier à la mère de la disparue, âgée de 88 ans et habitante de la Cité du Vatican.
Parmi les initiatives engagées en plus de trois décennies pour percer l'épais mystère, la justice italienne avait fait ouvrir en 2012 dans une basilique romaine la tombe d'Enrico de Pedis, l'ancien chef de la bande de la Magliana, qui a terrorisé Rome dans les années 1970-1980. Elle ne contenait que la dépouille de l'homme, tué en 1990 dans un règlement de comptes.
La sépulture du "boss", soupçonné d'être lié à la fois à la mafia, à la loge maçonnique P2 et à des secteurs de la finance du Vatican, avait été transférée dans la basilique, un privilège rare facilité par un prêtre qui l'avait connu en prison. Une ex-maîtresse du malfrat avait affirmé qu'il avait enlevé la jeune fille et coulé son corps dans le béton.
Selon certaines thèses, l'adolescente a été enlevée par ce groupe criminel pour recouvrer un prêt auprès de l'ancien président américain de la banque du Vatican (IOR), Paul Marcinkus.
D'autres affirment qu'elle a été kidnappée pour arracher la libération de Mehmet Ali Agca, le Turc qui avait tenté d'assassiner le pape Jean Paul II en 1981. Mais rien n'a jamais été prouvé.
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