"C'était un final magnifique", a souri Alaphilippe à propos de son numéro abouti devant le stade Geoffroy-Guichard. "Je n'avais rien à perdre, il fallait tenter le tout pour le tout".
Comme attendu, il a tenté le coup de force dans la dernière côte très raide, à 13 kilomètres de l'arrivée, suivi sans attendre par Pinot. Un coup d'audace et de maître: les deux Français ont rallié l'arrivée avec 20 secondes d'avance sur les poursuivants.
Alaphilippe dipose désormais d'une marge de 23 secondes sur l'Italien Giulio Ciccone, qui l'avait dépossédé du maillot jaune jeudi à La Planche des Belles Filles, et de 53 secondes sur Pinot. Pour le cyclisme français, l'euphorie est de mise !
Deuxième de l'étape devant Alaphilippe, avec bonification en sus, Pinot a pris du temps à tous ses rivaux. Il est repassé devant le Gallois Geraint Thomas, le tenant du titre, qu'il précède de 19 secondes.
Thomas: la chute
Pour son malheur, Thomas a chuté dans une descente, à 15 kilomètres de l'arrivée, avec plusieurs de ses coéquipiers. Le Gallois a été contraint à un gros effort pour revenir sur le groupe des favoris dans la dernière côte, avant l'attaque d'Alaphilippe.
"C'est frustrant car l'accident s'est produit à un moment clé de la course", a estimé Thomas. "Woods est tombé et nous a entraîné, Gianni (Moscon) et moi. Je me suis retrouvé empêtré dans le vélo de Gianni".
"J'étais dans les 15-20 premiers quand Alaphilippe et Pinot ont attaqué pour prendre les bonifications", a expliqué le tenant du titre. "D'un autre côté, revenir comme je l'ai fait montre que les jambes sont bonnes. Si je n'avais pas chuté, j'aurais pu les suivre et l'histoire aurait été totalement différente".
Toujours est-il que le duo français a su maintenir à distance le groupe de poursuite emmené par les hommes du Danois Jakob Fuglsang. "On a fait une bonne partie de manivelles", a commenté Alaphilippe.
"C'était beau de partir ensemble avec Thibaut", a ajouté le numéro un mondial. "Le public a apprécié de voir une bonne entente entre les coureurs français même si on est dans des équipes différentes. On avait des intérêts communs. Je n'ai pas du tout pensé à gagner, j'ai juste pensé à prendre du temps. Je suis content qu'on ait fait ce numéro ensemble".
De Gendt: le raid
Pour le succès d'étape, De Gendt a conclu une échappée monumentale de 200 kilomètres. Longtemps accompagné par d'autres solides gaillards (De Marchi, Terpstra, King), le baroudeur belge a réalisé une performance de très haut niveau dans cette étape très exigeante, en forme de montagnes russes, par les monts du Beaujolais puis du Lyonnais.
Le quatuor a disposé de cinq minutes d'avance puis le peloton, mené par deux équipes (Sunweb, Bora), a commencé à réduire l'écart. L'équipe d'Alaphilippe s'est mise à son tour au travail, à 85 kilomètres de l'arrivée, sans parvenir à combler le handicap.
A l'avant, De Gendt et l'Italien Alessandro De Marchi ont distancé leurs compagnons à 70 kilomètres de Saint-Etienne. Le Belge s'est ensuite isolé dans la dernière côte, à 14 kilomètres de la ligne, là où l'Italien Vincenzo Nibali s'est relevé. Un signe d'abdication pour le vainqueur du Tour 2014, deuxième du dernier Giro.
"Je n'avais pas les jambes", a déclaré le Sicilien à l'arrivée. "Quand j'ai vu qu'il ne pouvait pas suivre, je lui ai dit de se réserver et de penser à d'autres objectifs", a appuyé son directeur sportif Paolo Slongo en soulignant la difficulté de doubler Giro et Tour.
De Gendt, qui a couru lui aussi le Giro (il veut boucler les trois grands tours la même année), a triomphé pour la deuxième fois dans le Tour. Trois ans après son succès du Ventoux éclipsé par la mésaventure de Chris Froome qui avait parcouru une partie du final... à pied.
"Je ne gagne pas souvent mais je gagne des belles choses", a commenté De Gendt (32 ans), un habitué des longs raids. C'est de cette manière qu'il a gagné déjà sur les trois grands tours.
Dimanche, jour de la Fête nationale, la 9e étape traverse le Massif central, un parcours de moyenne montagne, sur les 170,5 kilomètres reliant Saint-Etienne à Brioude. Avec un tremplin très raide après 36 kilomètres mais un final sensiblement moins difficile pour rejoindre la ville de l'Auvergnat Romain Bardet.
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