"Le plus juste serait de donner à ces bêtes la peine de mort qu'ils méritent, je vous le demande", a déclaré Helle Petersen dans une lettre lue par son avocat devant le tribunal antiterroriste de Salé, près de Rabat.
Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été tuées alors qu'elles campaient sur un site isolé dans le Haut-Atlas, une région montagneuse du sud du Maroc prisée des randonneurs.
Un groupe de 24 hommes soupçonnés d'être liés à ces meurtres et/ou d'appartenir à une cellule jihadiste est jugé depuis le 2 mai devant la chambre criminelle de la cour d'appel de Salé, compétente en première instance pour les affaires terroristes.
De nombreux journalistes ont afflué pour ce qui pourrait être la dernière audience de ce procès, le verdict pouvant selon certains avocats être prononcé ce jeudi.
Loi du talion
"Ma vie a été détruite au moment où deux policiers sont venus à ma porte le 17 décembre pour m'annoncer la mort de ma fille (....) je ne sais pas à quel point elle a souffert", a déploré la mère de Louisa dans son message lu dans un silence total, en présence des accusés aux visages impassibles.
Le 27 juin, le procureur avait requis la peine de mort pour les trois suspects principaux, en invoquant la loi du talion contre les "monstres sanguinaires" qui ont détaillé devant le tribunal leur rôle dans la tuerie et leur fidélité à l'EI.
Le cerveau du groupe, Abdessamad Ejjoud, un marchand ambulant de 25 ans, a avoué avoir organisé l'expédition meurtrière avec deux compagnons et diffusé sur les réseaux sociaux des images de la décapitation et d'une déclaration d'allégeance à l'EI, groupe jihadiste qui n'a jamais directement revendiqué le double assassinat.
Younes Ouaziyad, un menuisier de 27 ans, et Rachid Afatti, 33 ans, qui avait filmé la scène avec son téléphone portable, ont également avoué leur responsabilité dans le crime.
Des peines de prison allant jusqu'à la perpétuité ont été requises contre les 21 autres accusés, poursuivis pour "constitution d'une bande en vue de commettre des actes terroristes".
"Les accusés sont victimes de leur condition sociale, de la pauvreté et de l'analphabétisme", a affirmé l'avocate des trois principaux suspects, Me Hafida Mekessaoui, en plaidant pour des "circonstances atténuantes". Elle a aussi demandé une expertise psychiatrique en affirmant que les trois hommes étaient des "déséquilibrés" sous influence.
Quatre avocats représentant une quinzaine des prévenus ont ensuite demandé aux juges de prononcer l'acquittement ou de retenir des circonstances atténuantes.
Issus de milieux modestes, avec un niveau d'études et d'instruction "très bas", les accusés vivaient pour la plupart dans la précarité dans des quartiers déshérités de Marrakech, la capitale touristique du royaume.
"Risque zéro"
La plaidoirie concernant Kevin Zoller Guervos, un Hispano-suisse converti à l'islam accusé d'avoir apporté une aide logistique aux principaux suspects, est attendue plus tard dans la journée. Le procureur a requis 20 ans de prison contre lui.
Les accusés pourront prendre la parole avant le délibéré, selon les avocats.
En réponse aux demandes d'indemnisation de la famille de Louisa qui réclame dix millions de dirhams (près d'un million d'euros) de dommages en invoquant la "responsabilité morale" de l'Etat, l'Agent judiciaire représentant le Maroc a réfuté jeudi toutes les "défaillances" invoquées par la partie civile - défaut de suivi pénitentiaire, d'encadrement des imams ou de détection du groupe radicalisé.
"Le risque zéro n'existe pas", a-t-il affirmé en listant les différents attentats survenus ces dernière années dans le monde et en invoquant pour la défense du Maroc son "expertise antiterroriste reconnue dans le monde entier". "Tout le Maroc a été meurtri par ce drame, ce n'est pas un drame pour les familles mais pour tout le monde", a-t-il ajouté.
Des pétitions réclamant la peine de mort pour les assassins des deux touristes ont circulé sur Internet, le double assassinat ayant suscité une grande émotion.
Des condamnations à la peine capitale sont toujours prononcées au Maroc, mais un moratoire sur les exécutions est appliqué de facto depuis 1993 et l'abolition de la peine capitale fait débat.
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