Arrivé à 16h30 précises à Matignon, le ministre de la Transition écologique a dû écourter une visite dans les Deux-Sèvres, quittant Niort après un déjeuner en préfecture. Son entourage avait alors assuré qu'il ne s'agissait que d'une simple "contrainte" d'agenda déjà connue en début de matinée.
Sous pression, le ministre d'Etat avait été accueilli par des manifestants brandissant un homard en plastique géant. Criblé de questions de journalistes lors cette visite, il a aussi lancé: "S'il y a des erreurs d'appréciation de ma part, je serai tout prêt également à les corriger. C'est normal, ce sont les comptes que l'on doit rendre aux Français".
Il a dit "comprendre que les Français puissent être un peu choqués par certaines images" et se tenir à la disposition de la déontologue de l'Assemblée nationale.
"Je suis pour la transparence depuis toujours, je la pratique (...) y compris lorsqu'on me pose des questions de façon évidemment très tendancieuse avec une présentation très malveillante", a-t-il répété à l'intention de Mediapart.
Depuis mercredi, le ministre est la cible de Mediapart qui a publié plusieurs articles: un premier évoquant, photos de homards et de grands crus à l'appui, des dîners fastueux organisés à l'Hôtel de Lassay lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale.
Le feuilleton s'est poursuivi jeudi avec un autre article concernant des travaux réalisés par le ministre dans son logement de fonction à l'Hôtel de Roquelaure pour un montant de 63.000 euros.
"Isolé"
Entre-temps, Mediapart avait tiré une nouvelle salve mercredi soir avec des informations concernant un logement HLM à Paris occupé par la directrice de cabinet du ministre Nicole Klein depuis 2001 et conservé de 2006 à 2018 alors qu'elle n'habitait plus la capitale.
Au point que "François de Rugy a mis fin à ses fonction de directrice de cabinet", a indiqué jeudi le ministère, confirmant des informations de Ouest-France.
Il avait déjà dû s'expliquer longuement mercredi à l'issue du Conseil des ministres, plaçant l'exécutif dans l'embarras, même si la porte-parole du gouvernement avait assuré que M. Rugy conservait "bien évidemment" la confiance du président et du Premier ministre.
L'ancien écologiste s'est défendu en expliquant que ces "dîners informels" faisaient partie d'un "travail de représentation" au titre de ses fonctions.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, François de Rugy a publié sur Facebook "l'intégralité des éléments de réponse" apportés aux journalistes de Mediapart.
Outre un questions-réponses, le ministre a diffusé des mails relatifs aux devis de travaux pour l'appartement de fonction qu'il occupe au ministère de la Transition écologique réalisés à partir de novembre 2018.
"Nous avons reçu une fois par mois des personnalités diverses, qui toutes avaient quelque chose à nous apprendre, à nous dire, à partager; nous voulions faire entrer la société et ses problèmes à l'hôtel de Lassay", a également assuré jeudi au Point son épouse, Séverine de Rugy, qui a ouvert les portes de son appartement à l'hebdomadaire.
Reste que François de Rugy est "isolé", il "n'a pas que des amis, donc il est plus fragile", lâche un marcheur sous couvert d'anonymat.
Le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, a estimé jeudi que la déontologue de l'Assemblée nationale devrait se pencher sur les dîners organisés par François de Rugy lorsqu'il était à l'Hôtel de Lassay.
"Si ce sont des dîners strictement privés, alors il faut rembourser, ce n'est pas normal d'utiliser les moyens de l'Assemblée nationale pour des dîners privés, mais François de Rugy a donné des éléments indiquant que c'étaient des dîners dans le cadre de ses fonctions. Dans ce cas, il est légitime de pouvoir réceptionner les personnalités", a jugé M. Guerini sur France 2.
Dans l'opposition, les écologistes ont appelé à la démission du ministre, par la voix de leur porte-parole, Julien Bayou, accusant M. de Rugy d'avoir été pris en "flagrant délit de mensonge".
"François de Rugy limoge sa directrice de cabinet alors qu'il est lui-même au cœur d'une polémique. Fera-t-il preuve de la même exigence à son égard?", a tweeté pour sa part l'ex-tête de liste LFI aux européennes, Manon Aubry.
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