Ce nombre, qui comprend les couples officiels (époux, concubins, etc.) ou non (amants, relations épisodiques...), est en légère baisse par rapport aux 130 féminicides recensés en 2017, d'après ces chiffres émanant de la délégation aux victimes, qui dépend des directions générales de la police et de la gendarmerie nationales.
Le gouvernement a annoncé dimanche la tenue d'un "Grenelle des violences conjugales" du 3 septembre au 25 novembre pour mieux lutter contre ce phénomène, en promettant des mesures "concrètes" après avoir associé des acteurs de terrain.
Un collectif féministe recensait mercredi 76 féminicides depuis le 1er janvier dernier, contre 64 à la même période en 2018, ce qui accrédite l'hypothèse d'une tendance repartant à la hausse ces derniers mois.
Depuis 2010, le nombre de femmes tuées au sein du couple avait été compris entre 122 en 2015 et 166 en 2012.
Le nombre d'hommes tués est lui pointé en augmentation entre 2017 et 2018, passant de 21 à 28.
"Ainsi, un décès criminel survient au sein du couple tous les deux jours et demi et une femme décède sous les coups de son partenaire ou de son ex-partenaire tous les trois jours", écrivent le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, dans un communiqué commun.
Parmi les 28 hommes tués, 15 "avaient commis des violences antérieures" sur leur partenaire, selon l'"étude nationale relative aux morts violentes au sein du couple" réalisée par la délégation aux victimes.
Sur les 121 féminicides dénombrés, 26 sont qualifiés en assassinat (c'est-à-dire avec préméditation), 85 en meurtres et seulement 10 en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Sur les 149 morts au sein du couple relevées par la délégation aux victimes, une grande majorité (124) ont été commises au domicile du couple, de la victime ou de l'auteur. Dans 30% des cas, l'auteur, principalement quand il s'agit d'un homme, était sous l'emprise de l'alcool.
Les hommes auteurs de féminicides sont le plus souvent âgés de 30 à 49 ans, contre 60 à 69 ans pour les femmes tuant leur conjoint ou ex-compagnon.
"Dysfonctionnements de terrain"
L'étude souligne également le décès de 21 enfants à la suite de violences conjugales, dont 5 ont trouvé la mort en même temps que l'un de leurs parents. En 2017, la délégation aux victimes avait dénombré 25 enfants décédés lors de violences conjugales.
Une succession de féminicides relevés dans la presse ces derniers jours a provoqué l'émoi de la société civile et de la classe politique. Un rassemblement place de la République à Paris a réuni samedi dernier 2.000 personnes selon les organisateurs, 1.200 d'après la préfecture de police, pour appeler à des mesures d'urgence et des moyens accrus.
Plusieurs dispositifs existent déjà, à l'image du numéro d'écoute 3919 mis à disposition des victimes de violences conjugales et du "téléphone grave danger", qui permet une intervention rapide des forces de l'ordre. Mais les associations estiment les moyens mobilisés largement insuffisants.
Marlène Schiappa a pointé "des dysfonctionnements de terrain qui ne correspondent pas à la politique publique impulsée par le gouvernement", notamment depuis qu'Emmanuel Macron a érigé l'égalité femmes-hommes, en novembre 2017, en "grande cause du quinquennat".
"Nous devons aller plus loin et apporter une réponse encore plus forte", a reconnu mercredi soir Christophe Castaner, cité dans le communiqué, en assurant qu'il demanderait jeudi aux préfets de "se mobiliser sur ce sujet".
Marlène Schiappa a pour sa part souligné qu'"aucune femme" ne devait "rester livrée à elle-même alors qu'elle a fait la démarche de faire appel aux forces de l'ordre pour la protéger".
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