L'ancienne colonie britannique est plongée depuis des semaines dans une grave crise politique, avec des manifestations pacifiques monstres mais aussi des affrontements violents entre policiers et une minorité plus radicale.
La colère, partie du rejet du texte sur les extraditions désormais suspendu, s'est élargie à des exigences plus vastes de libertés démocratiques, les manifestants réclamant aussi l'arrêt de l'érosion des libertés du territoire semi-autonome.
Dans son discours le plus conciliant à ce jour, la cheffe de l'exécutif Carrie Lam a reconnu que les tentatives de son gouvernement pour faire adopter le projet de loi avaient été un "échec total", réaffirmant que le gouvernement ne relancerait pas le processus parlementaire.
"Le projet de loi est mort", a-t-elle lancé lors d'un point de presse. Mais elle s'est refusée une nouvelle fois à parler de retrait pur et simple.
Les protestataires n'ont eu de cesse de réclamer que le texte soit retiré immédiatement de l'ordre du jour du Conseil législatif (LegCo, Parlement local) plutôt qu'il expire légalement en juillet 2020, à la fin de la prochaine session parlementaire.
"Carrie Lam dit que le +projet est mort+, un nouveau mensonge ridicule destiné au peuple de Hong Kong et aux médias étrangers car le texte existe toujours au Parlement jusqu'à juillet prochain", a réagi sur Twitter Joshua Wong, visage de l'immense mouvement prodémocratie de l'automne 2014 fraîchement sorti de prison.
Pas d'enquête indépendante
Le Front civil des droits de l'Homme, à l'origine des dernières manifestations géantes, mais pas des affrontements avec la police, a annoncé de nouveaux rassemblements.
Le mouvement durant lequel la police a tiré des balles en caoutchouc tandis que des manifestants masqués ont mis le LegCo à sac, constitue le plus grand défi à l'autorité de Pékin depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.
Mme Lam, dont les manifestants réclament la démission à cor et à cri, avait quasiment disparu de la circulation ces dernières semaines. Elle a accepté mardi de rencontrer les représentants des étudiants en public et sans conditions, reconnaissant que le territoire était confronté à des défis économiques, sociaux et politiques sans précédent.
Elle a cependant opposé une fin de non recevoir aux appels à ouvrir une enquête indépendante sur les violences policières présumées.
Pour l'analyste Dixon Sing, rien dans ses propos n'est de nature à faire retomber les tensions.
"La confiance dans le gouvernement a dégringolé à un niveau si bas que tant qu'il ne répondra pas clairement à ses (principales) demandes, la majorité de l'opinion hongkongaise jugera sa sincérité avec scepticisme", dit-il à l'AFP.
Des segments très divers de la société se sont retrouvés pour rejeter le texte sur les extraditions, avocats, organisations juridiques influentes, grandes entreprises, chambres de commerce, églises...
Les contestataires avaient déjà fait savoir lundi qu'ils continueraient le combat si leurs exigences n'étaient pas satisfaites.
"Tester" la Bank of China
Parmi les nouvelles opérations envisagées, l'idée de retirer collectivement des fonds de la Bank of China, l'une des quatre principales banques publiques chinoises, afin "de tester sa résistance" en matière de liquidités avait beaucoup de succès sur les réseaux sociaux et messageries sécurisées.
Pékin a mis tout son poids dans la balance pour soutenir Carrie Lam.
Durant le weekend, l'ambassadeur de Chine à Londres a déclaré que le texte sur les extraditions était nécessaire pour "combler un vide" juridique, alimentant les craintes que Pékin puisse vouloir le faire passer en force.
Au-delà du projet, il s'agit pour beaucoup de sauver l'âme de Hong Kong. Le territoire jouit de libertés inconnues en Chine continentale, théoriquement, jusqu'en 2047. Le principe "Un pays, deux systèmes" prévoit en particulier la liberté d'expression et l'indépendance de la justice.
Mais Pékin est accusé de renier l'accord bien avant l'expiration du terme prévu.
Les esprits ont été particulièrement marqués ces dernières années par la disparition de libraires dissidents réapparus ensuite en détention sur le continent, la disqualification de députés de l'opposition, l'expulsion de facto d'un journaliste étranger et les peines de prisons infligées aux dirigeants du mouvement prodémocratie.
Pékin a également refusé de permettre l'élection du chef du gouvernement hongkongais au suffrage universel.
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