Le nonce apostolique est visé par les plaintes d'au moins quatre hommes en France, dont trois au moins lui reprochent des attouchements.
Après avoir été entendu par la police judiciaire française début avril, l'évêque âgé de 74 ans s'est rendu à des confrontations avec plusieurs de ces plaignants fin mai, au cours desquelles il a nié les faits.
Lundi, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué avoir reçu, "en fin de semaine dernière", "confirmation de la part du Saint Siège de sa renonciation à l'immunité pour la procédure envisagée". Le parquet de Paris a confirmé de son côté avoir été notifié ce lundi.
"Il s'agit d'une mesure extraordinaire qui confirme la volonté exprimée par le nonce lui-même dès le début de cette affaire de collaborer pleinement et spontanément avec les autorités judiciaires françaises compétentes", a expliqué un peu plus tard le Saint-Siège dans un communiqué. Il a précisé avoir attendu "avant de prendre cette décision, (...) la conclusion, annoncée fin juin, de la phase préliminaire" de l'enquête.
L'affaire avait éclaté en février avec la révélation de l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris, dans un contexte de multiples scandales sexuels touchant l'Eglise catholique.
La mairie de Paris avait signalé au parquet qu'un jeune cadre municipal, Mathieu de la Souchère, s'était plaint d'attouchements répétés du nonce apostolique - des "mains aux fesses" - lors d'une cérémonie des vœux aux autorités diplomatiques en janvier.
Deux autres plaignants s'étaient ensuite manifestés et avaient relaté des faits similaires en 2018. Ces trois hommes ont été entendus par les enquêteurs. Une quatrième plainte au moins a été déposée par un autre homme.
"Les efforts des victimes ont payé", a réagi auprès de l'AFP M. de la Souchère, se disant "très surpris" par cette décision.
"On va enfin pouvoir avoir droit à une enquête et un procès équitables, ce qui n'était pas envisageable jusqu'à présent car on avait un agresseur qui était protégé du fait de son statut", a-t-il estimé, déplorant le fait que les victimes n'ont, selon lui, pas été soutenues par le gouvernement français dans cette affaire.
"Une première victoire"
Cet homme de 27 ans s'était rendu à Rome début juillet, avec une autre victime, pour y rencontrer notamment le père allemand Hans Zollner, l'un des experts reconnus au sein de l'Eglise sur les scandales sexuels. Il avait alors annoncé son intention de saisir le Saint-Siège de cette affaire, estimant que les choses n'avançaient "pas assez vite".
"Nous ne pouvons que nous satisfaire que le Vatican accepte que cette situation de non-droit ne perdure pas", a salué de son côté Jade Dousselin, avocate de Benjamin, un des autres plaignants. "C'est une première victoire, il faut maintenant qu'on aille devant la justice", a-t-elle ajouté.
Diplomate de carrière du Vatican, Mgr Ventura occupe le poste de nonce apostolique depuis 2009 à Paris. Il est chargé des relations du Saint-Siège avec les autorités françaises d'une part et avec les évêques de France d'autre part, pour lesquels il participe au processus de nomination.
Compte tenu de ses fonctions, il bénéficiait jusqu'alors de l'immunité diplomatique et ne pouvait être entendu sous contrainte par les enquêteurs.
Cette levée d'immunité est une décision historique pour un nonce en activité.
En juin 2018, un conseiller de la nonciature auprès des Etats-Unis avait été condamné à cinq ans de prison pour détention et transmission de matériel pédopornographique par la justice du Vatican, le Saint-Siège l'ayant rappelé sans donner suite à une demande de levée d'immunité diplomatique réclamée par Washington.
En 2013, le Vatican avait aussi rappelé d'urgence de République dominicaine Josef Wesolowski, un nonce polonais accusé de pédophilie, refusant de l'extrader vers la Pologne. Il était décédé la veille de son procès devant le tribunal du Vatican.
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