Se disant très "préoccupée" par les dernières annonces iraniennes, l'Union européenne a de son côté exhorté "fortement l'Iran à cesser (...) ses activités qui sont contraires aux engagements pris dans le cadre" de l'accord de Vienne, et à "revenir" aux termes de ce pacte.
Cité par l'agence semi-officielle Isna, le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, avait peu auparavant rapporté que "le degré de pureté" de l'uranium enrichi produit par l'Iran atteignait désormais "4,5%".
Selon Isna, M. Kamalvandi a jugé ce niveau "parfaitement suffisant pour les besoins du pays en combustible pour centrale nucléaire".
Téhéran avait annoncé dimanche avoir commencé à enrichir l'uranium à un degré supérieur à la limite de 3,67% imposée par l'accord de Vienne.
D'après Ali Akbar Vélayati, conseiller du guide suprême iranien, les besoins du pays pour ses "activités (nucléaires) pacifiques", à savoir l'alimentation en combustible de sa seule centrale électrique atomique correspondent à de l'uranium enrichi à 5%.
Ce niveau reste loin des 90% nécessaires pour envisager la fabrication d'une bombe atomique. Mais il fragilise encore davantage l'accord de Vienne, mis à mal depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis en mai 2018 et le rétablissement de sanctions économiques américaines contre Téhéran.
En riposte au retrait américain, Téhéran a annoncé le 8 mai qu'il commençait à s'affranchir de certains engagements pris à Vienne, afin de forcer les parties restantes à l'accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) à l'aider à contourner les sanctions américaines.
Celles-ci privent l'Iran des bénéfices économiques qu'il attendait de ce pacte, par lequel il a accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires en échange de la levée d'une partie des sanctions internationales qui l'asphyxiaient.
"Grande inquiétude"
Dimanche, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a toutefois fait porter aux seuls Européens la responsabilité de la survie de l'accord de Vienne, affirmant qu'eux seuls avait les moyens de faire en sorte que l'Iran annule ses mesures, s'ils agissent "en conformité" avec le texte.
Lundi, le porte-parole des Affaires étrangères, Abbas Moussavi a lui adressé une mise en garde à Paris, Londres et Berlin.
Si ces trois capitales "devaient se comporter de manière étrange et inattendue alors nous sauterions toutes les étapes suivantes (du plan de réduction des engagements annoncé en mai) et nous mettrions en oeuvre la dernière", a-t-il dit, sans préciser la nature de cette ultime "étape".
Dans des communiqués distincts, Londres et Berlin avaient exhorté dimanche Téhéran à revenir sur sa décision, Paris faisant part de sa "grande inquiétude" et demandant à l'Iran de cesser toute activité "non conforme" à l'accord.
En réponse à la question d'un journaliste lui demandant si une sortie de l'accord de Vienne et du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) étaient sur la table, M. Moussavi a répété: "toutes les options, y compris celle-ci, sont possibles à l'avenir, mais aucune décision n'a été prise".
"Violations"
Cité par Isna, M. Kamalvandi, a indiqué que des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) étaient "censés" prendre des mesures lundi devant leur permettre de constater que l'Iran enrichi désormais l'uranium à un niveau interdit par l'accord de Vienne.
Selon une source diplomatique française, "il faut que l'AIEA constate les manquements iraniens et fasse un rapport, que la commission conjointe (de l'accord de Vienne) se réunisse puis décide le cas échéant de réunir la commission de résolution des différends. Ce que nous ferons sur l'Iran ne revient pas vite sur ses violations".
Selon M. Moussavi, le conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, qui s'était rendu en Iran en juin, est de nouveau attendu à Téhéran "dans les jours qui viennent".
La Chine et la Russie, également parties de l'accord sur le nucléaire iranien, ont également réagi aux dernières développements.
A Pékin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a estimé que "la pression maximale des Etats-Unis sur l'Iran (était) la source de la crise nucléaire iranienne".
Pourtant alliée de la République islamique, la Russie a en revanche appelé Téhéran à "ne pas céder à l'émotion" et à respecter "les dispositions essentielles" de l'accord sur le nucléaire malgré les pressions américaines.
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