À ce Grenelle s'ajouteront "une grande consultation citoyenne et une campagne" de communication "pour interpeller toute la société", a indiqué la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, dans un entretien au Journal du dimanche.
Au soir d'un rassemblement à Paris de féministes (2.000 selon les organisatrices, 1.200 d'après la police) réclamant des mesures immédiates, Emmanuel Macron a reconnu samedi que la République n'avait "pas su (...) protéger" les victimes de meurtres commis par des conjoints ou anciens compagnons, dans un message sur Facebook.
Le "Grenelle des violences conjugales", qui sera introduit par Édouard Philippe et réunira à Matignon ministres, administrations, associations et familles de victimes, s'ouvrira "le 3/9/19, en écho au numéro 3919", la ligne téléphonique consacrée aux femmes victimes de violences, relève Marlène Schiappa. Il doit permettre de "construire des mesures encore plus efficaces, au plus près du terrain".
L'annonce a suscité une réponse cinglante des féministes de #NousToutes : "une réunion dans deux mois et des résultats dans cinq (après l'adoption du budget de l'État). Le décalage entre la mobilisation inédite de la société contre les féminicides et les réponses apportées est flagrant", estime ce collectif dans un communiqué intitulé "Monsieur le président, les violences ne prennent pas de vacances".
"Des femmes sont en danger, en ce moment même", insiste #NousToutes après qu'une femme trentenaire a été retrouvée morte étranglée samedi à son domicile des Yvelines. Ce décès a été comptabilisé comme le 75e féminicide depuis le 1er janvier par la page Facebook qui les recense.
Si l'on prend en compte les couples officiels ou non (du mariage à la relation épisodique), 130 femmes sont mortes en 2017 en France, tuées par leur conjoint ou ex, contre 123 en 2016, selon les données du ministère de l'Intérieur.
La Fondation des femmes a vu dans l'annonce d'un Grenelle "un premier pas positif", mais a prévenu que les victimes avaient besoin "de mesures réelles et concrètes, avec des moyens financiers", pas d'une "nouvelle campagne de sensibilisation".
"Pas assez vite"
Marlène Schiappa prévoit de s'adresser jeudi "à l'ensemble des préfets" pour "les mobiliser".
"Dès la semaine prochaine, je recevrai de nouveau toutes les associations financées par l'État pour avancer. Ce processus se conclura le 25 novembre, pour la Journée contre les violences envers les femmes", précise-t-elle. À cette date, en 2017, Emmanuel Macron avait érigé l'égalité femmes-hommes en "grande cause du quinquennat".
Depuis, "le gouvernement agit sans relâche", assure Marlène Schiappa, citant le lancement d'une plateforme de signalement, le "recrutement de 73 psychologues dans les commissariats", l'augmentation des moyens du 3919 "pour donner un objectif de réponse à 100%" des appels. Mais aussi l'attribution de "100. 000 euros en plus à une application, App-Elles", qui permet d'envoyer des messages d'appel à l'aide depuis son smartphone.
Au total, cette politique publique mobilise "530 millions" d'euros "cette année, un record", selon elle.
Pour autant, "il ne suffit pas de signer un chèque pour qu'il n'y ait plus de féminicides", prévient Marlène Schiappa. Elle prend l'exemple des "téléphones grave danger", remis pour six mois aux femmes menacées, mais qui pour la plupart "dorment dans un placard", "faute de décisions de justice".
La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a reconnu sur BFMTV que l'État ne faisait "pas assez, et surtout pas assez vite", et rappelé avoir lancé une mission d'inspection pour détecter d'éventuelles défaillances dans les dossiers classés.
Et la ministre de la Justice de citer en exemple l'Espagne, érigée en modèle sur ce sujet. "Ils ont un système beaucoup plus fluide", avec "plus de 10.000" ordonnances de protection des victimes délivrées chaque année, contre 3.000 en France.
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