Surgissant dans une Grèce en plein chaos, le jeune leader de gauche radicale avait créé l'espoir, en janvier 2015, chez un peuple abasourdi par les faillites et les plans sociaux en série.
Mais après plus de quatre ans de gouvernance du plus jeune Premier ministre grec en 150 ans, les électeurs ne lui pardonnent, selon les analystes, ni ses promesses non tenues ni ses ponctions fiscales draconiennes dictées par l'UE pour écarter le "Grexit".
Pour ces premières élections générales depuis que la Grèce a échappé à la faillite, les Grecs feront le choix de l'alternance, prédisent unanimement les sondages qui donnent une victoire sans appel au parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) dirigé par Kyriakos Mitsotakis.
Dans le quartier de Kypseli à Athènes, où il a voté dimanche matin, Alexis Tsipras a exhorté les jeunes à "ne pas laisser aux autres le choix crucial de décider de leurs vies".
Quelque 10 millions d'électeurs sont appelés à voter, jusqu'à 19H00 (16H00 GMT), heure de sondages sortie des urnes, avant les premiers résultats officiels vers 21H00 (18H00 GMT).
Son challenger conservateur a voté peu après à Peristeri, où des manifestants de gauche l'ont brièvement hué, leurs voix rapidement couvertes par celles de supporteurs s'adressant à lui comme le nouveau Premier ministre.
"Les Grecques et les Grecs détiennent le sort de leur pays entre leurs mains", a déclaré Mitsotakis, après avoir voté.
Selon les dernières enquêtes d'opinion, la formation de droite devrait obtenir 151 à 165 sièges sur les 300 que compte la Vouli, le parlement grec. Syriza serait alors renvoyé dans les rangs de l'opposition, avec 70 à 82 sièges.
Sonné par un échec cinglant aux élections européennes et locales, fin mai et début juin, Alexis Tsipras, dont le mandat s'achevait théoriquement en octobre, a tenté un coup de poker risqué en convoquant lui-même ces élections anticipées au début de l'été, espérant inverser la vague de mécontentement.
Le pari perdu ?
Mais si les sondages disent vrai, M. Tsipras, habitué à remettre en jeu sa majorité, pourrait bien perdre cette fois son pari.
Sur ses affiches électorales, le Premier ministre, le bras levé, en manches de chemise, semble d'ailleurs dire un dernier au revoir, en proclamant: "Maintenant, décidons de nos vies".
Trois ans après avoir pris les rênes du parti conservateur, Kyriakos Mitsotakis, perçu comme un réformateur, proche des milieux d'affaires, a promis de "relancer l'économie" et de "laisser la crise derrière nous".
L'élection de ce fils d'ancien Premier ministre, descendant d'une grande dynastie politique, signerait le retour de la "familiocratie" au gouvernement grec, une tradition qu'Alexis Tsipras avait interrompue en accédant au pouvoir à l'âge de 40 ans.
"J'espère qu'à partir de demain nous pourrons à nouveau respirer avec soulagement", a déclaré à l'AFP Athinodoros, un électeur de 48 ans, dans un bureau de vote de Nea Smyrni.
Désabusée, Alkimi, une employée de 39 ans, craint "au contraire, que la législation du travaille se dégrade si Nouvelle Démocratie gagne".
"Tout le temps d'aller à la plage"
Reste à savoir avec quel entrain les Grecs vont voter sous la torpeur estivale, et quelle majorité ils décideront d'attribuer à la droite.
"Demain, il y aura probablement du soleil. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y aura des élections: viens voter", tweete Nouvelle Démocratie, dans une tentative de creuser l'écart.
"Vous aurez tout le temps d'aller à la plage, et ensuite d'aller voter", a également lancé le chef de file des conservateurs à la radio, martelant partout qu'il lui faudra "une majorité forte pour un gouvernement fort".
Les Grecs auront voté trois fois en un mois et demi, après les européennes et les élections locales. La participation, déjà en berne pour les municipales de juin, sera décisive dimanche.
Si l'écart est serré dans un contexte de forte bipolarisation, ND devra se construire une coalition pour gouverner, sans doute avec le Mouvement pour le changement KINAL, né sur les cendres du parti socialiste PASOK, la réplique de l'alliance qui avait conduit la Grèce dans l'impasse avant l'arrivée de Syriza.
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