"C'est pour ces matches-là que je m'entraîne. Jouer Roger à Wimbledon, peut-être sur le Centre Court, c'est un des trucs les plus beaux dans ce sport", salive Pouille. L'actuel 28e joueur mondial a été exaucé: il aura pour la première fois les honneurs de ce court mythique, où il a jusque-là pris soin de ne jamais entrer pour garder intact la magie du moment.
Lui comme Tsonga entreront sur le Central londonien forts de deux premiers tours sans anicroche: trois sets à chaque fois, contre Richard Gasquet et son grand ami Grégoire Barrère pour le Nordiste, face à l'Australien Bernard Tomic et au Lituanien Ricardas Berankis pour le Manceau.
Ni Federer (N.3) ni Nadal (N.2) n'ont connu ce scénario idéal. Chacun a laissé échapper un set: le Suisse huit fois roi de Wimbledon --un record-- a payé un départ poussif pour son entrée en lice. Le Majorquin, sacré pour la douzième fois à Roland-Garros début juin --un record aussi-- a eu lui besoin de quatre manches pour déjouer le piège Kyrgios au deuxième tour.
La mission qui attend Pouille et Tsonga n'en reste pas moins immense.
Pouille a "hâte"
D'abord, évidemment, par les palmarès majestueux de leurs prestigieux adversaires. Aussi par leurs propres parcours brinquebalants ces derniers temps.
"Il va falloir être très, très bon. Je ne vais pas y aller non plus pour admirer le lieu", lance Pouille (25 ans), qui se souvient de sa première et jusque-là unique rencontre avec le maestro suisse, il y a cinq ans à Bercy (défaite 6-4, 6-4 en huitièmes de finale).
"J'avais le sentiment de l'avoir un peu regardé, se souvient-il. J'avais envie de le rejouer. Il va falloir se focaliser sur ce que je fais de bien depuis le début du tournoi: continuer à être agressif, mettre la pression au retour et essayer d'avoir un haut pourcentage de services."
Après l'embellie de sa demi-finale à l'Open d'Australie fin janvier, l'élève d'Amélie Mauresmo avait traversé un nouvelle période tourmentée, sans la moindre victoire à se mettre sous la dent, pendant trois longs mois. Il y a du mieux sur gazon: c'est la seule surface sur laquelle il a gagné deux matches de suite depuis février, à Stuttgart puis à Wimbledon.
"J'ai des sensations super bonnes dans tous les compartiments du jeu. Physiquement, je me sens très bien, je bouge bien. C'est très encourageant. Je ne pouvais pas rêver d'un meilleur début, positive le quart-de-finaliste 2016. J'ai hâte d'être à samedi."
Contrairement à Pouille, Tsonga (34 ans), lui, a déjà battu son futur adversaire, même si Nadal mène 8 victoires à 4 dans leurs face-à-face.
Tsonga s'attend "à un match accroché"
Faut-il y voir des motifs d'espoir ? C'est le Manceau qui a remporté leur unique duel sur herbe, en 2011 au Queen's (6-7, 6-4, 6-1 en quarts). C'est lui aussi qui est sorti vainqueur de leur dernier affrontement en date, en 2015 à Shanghai (6-4, 0-6, 7-5 en demi-finale).
"Ce sera un énorme challenge. Nadal en pleine possession de ses moyens sur gazon, c'est très fort même s'il n'a pas gagné douze fois Wimbledon. Contrairement à ce qu'on peut penser. Sa lecture du jeu est hors norme, il a une main hors norme... Il a tout ce qu'il faut pour bien jouer sur herbe. Dans un autre style que celui de Roger, à sa manière, il est exceptionnel", développe Tsonga.
Dégringolé au-delà de la 200e place mondiale fin 2018 au bout d'une saison réduite à néant ou presque par un genou gauche opéré, le double demi-finaliste de Wimbledon (2011 et 2012) s'est progressivement reconstruit une condition physique à même de lui permettre de remonter petit à petit les échelons qui le séparent des hautes sphères du tennis mondial depuis le début de l'année.
"Je me suis donné la possibilité d'être là. C'est ce que je voulais", se satisfait déjà l'ex-N.5 mondial aujourd'hui 72e. "Je m'attends à un match accroché", ose-t-il même.
Nadal y est prêt: "Ce n'est pas du tout le moment de se relâcher", a-t-il souligné après sa qualification énergivore aux dépens du provocateur Kyrgios jeudi.
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