Le maillot jaune inaugural de ce Tour, à l'effigie de l'Atomium, monument symbole de la capitale belge, attire les convoitises. La tunique de leader, qui fête ses cent ans d'existence dans la ville d'Eddy Merckx, doit revenir dans un premier temps à un sprinteur, à l'issue d'une première étape sans difficulté majeure au coeur d'une Belgique folle de vélo, sur des routes qu'on annonce noires de monde.
Hommage à Merckx oblige, elle sera en revanche vite endossée par un autre "Cannibale" avide de victoires: dès dimanche, les prétendants au sacre final jaugeront leurs formations respectives dans un contre-la-montre par équipes déjà crucial pour la suite.
Mais ce n'est qu'au bout d'un usant parcours de 3.480 kilomètres, des Vosges aux Alpes, en passant par le Massif central et les Pyrénées avec cinq arrivées au sommet, que l'on saura qui aura eu le plus faim.
Deux chefs de meute
Et comme chaque année depuis 2012, l'équipe la plus affamée est Britannique. Son nom a changé - Ineos a remplacé Sky -, pas ses ambitions: elle vise un septième sacre en huit ans.
L'appellation n'est toutefois pas la seule nouveauté de l'effectif. Le chef de meute Chris Froome, gravement blessé début juin et forfait, a laissé le champ libre à ses deux lieutenants, promus coleaders. Le premier est Gallois, vainqueur sortant mais pas rassasié: Geraint Thomas. Le second est un jeune loup aux dents aiguisées: Egan Bernal, prodige de 22 ans qui pourrait marquer l'histoire en devenant le premier vainqueur colombien du Tour, et le plus jeune lauréat de l'après-guerre.
"C'est vrai que quand Chris est là, il nous apporte sa grande expérience. Mais notre équipe reste très forte (...) Au lieu d'avoir quatre coureurs encore présents dans le final en montagne, on en aura trois", a plaisanté Thomas vendredi, quelques heures avant de recevoir par vidéo-conférence les encouragements de Froome, rentré chez lui jeudi après plus de trois semaines en observation.
Ineos n'est pas du genre à se laisser déstabiliser par un dénivelé positif total de 54.100 mètres. Ce n'est pas Bernal, formé "en altitude toute (sa) vie", qui sera impressionné par l'immense étape de Valloire et ses trois cols supérieurs à 2.000 mètres (Vars, Izoard et Galibier) prévue le 25 juillet, ni par les deux étapes alpestres qui suivront. Un triptyque infernal dans une dernière semaine que Romain Bardet, deux fois sur le podium déjà, considère "la plus difficile de ces dernières années".
De nombreux prétendants
Le Français d'AG2R La Mondiale, comme son compatriote Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), cristallise les vifs espoirs du public national, qui attend de pied ferme le peloton lundi sur ses terres. Les fans savent que l'occasion est belle, après les forfaits de trois des quatre premiers de l'édition 2018 (Froome, Tom Dumoulin et Primoz Roglic).
Ils ne sont pas seuls à vouloir entrer dans la brèche. "Ce Tour va être vraiment différent, plus ouvert", annonce Eusebio Unzue, patron d'une équipe Movistar à double tête (Quintana, Landa) qui vise haut. Tout comme l'Italien Vincenzo Nibali (Bahrain), déterminé à bousculer la hiérarchie Ineos comme en 2014. Le Requin de Messine reviendra dès jeudi sur les traces de l'un de ses coups de force de cette année-là, à la Planche des Belles-Filles, premier grand rendez-vous avec la montagne. "Nous verrons (là-bas) quel genre de course je peux faire", a annoncé le Sicilien.
Jakob Fuglsang (Astana), le Danois récent vainqueur du Dauphiné et auteur d'une saison pleine, est un autre homme fort à suivre, parmi une cohorte d'outsiders (Kruiswijk, Uran, A. Yates, Porte, D. Martin en sont d'autres). L'un de ceux-là rivalisera-t-il avec le rouleau-compresseur Ineos ?
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