Le dirigeant russe rencontrera notamment son homologue italien Sergio Mattarella, le Premier ministre Paolo Conte ainsi que les deux vice-Premier ministres du gouvernement populiste, Matteo Salvini et Luigi di Maio.
"Les questions économiques seront prioritaires. Nos échanges commerciaux n'arrivent pas à remonter au niveau d'avant 2014" (54 milliards de dollars), a souligné le conseiller du Kremlin Iouri Ouchakov, lors d'un point de presse à la veille du voyage.
"A cause des sanctions européennes et de nos sanctions réciproques, l'Italie est descendue de la 3-4ème place sur la liste de nos partenaires économiques à la 8ème", a-t-il déploré.
La Russie est frappée depuis 2014 par des sanctions économiques européennes et américaines sans précédent en raison de la crise ukrainienne.
Le président russe souhaite échanger avec les autorités italiennes sur les relations Russie-UE, la Syrie, l'Ukraine, la Lybie, ainsi que sur le programme nucléaire iranien.
Et Vladimir Poutine devrait avoir l'oreille attentive du gouvernement populiste italien, au pouvoir depuis 13 mois. Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême-droite) et homme fort du gouvernement, est un de ses fervents admirateurs: "des hommes comme lui, qui ont à coeur l'intérêt de leurs propres citoyens, il en faudrait des dizaines" en Italie, a-t-il dit.
"Nous serons les promoteurs d'une révision du système de sanctions" imposées par l'Union européenne à l'issue de l'annexion de la Crimée par la Russie, avait dit le chef du gouvernement Giuseppe Conte au début de son mandat.
La visite de Vladimir Poutine en Italie intervient alors que les relations entre Moscou et les Occidentaux sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide, empoisonnées par des désaccords sur la Syrie et l'Ukraine, des scandales d'ingérence électorale présumée et d'espionnage.
Pas d'invitation pour François
Première étape de sa visite, Vladimir Poutine rencontrera au Vatican le pape François. Cette rencontre sera la troisième entre les deux hommes, le pape ayant reçu pour la dernière fois le président russe en juin 2015.
A cette occasion il avait exhorté le maître du Kremlin à "faire un effort important et sincère pour réaliser la paix" en Ukraine, sans aller jusqu'à une condamnation comme le souhaitaient les catholiques ukrainiens. Cette rencontre avait duré 50 minutes. Le pape était apparu peu souriant, mais il est vrai que son hôte était arrivé avec une heure de retard.
Un pas de géant a été accompli en février 2016 lors d'une rencontre historique entre le pape François et le patriarche orthodoxe russe Kirill à Cuba. La première rencontre en 1.000 ans entre chefs des deux plus grandes confessions chrétiennes s'était soldée par la signature d'une déclaration commune, appelant les dirigeants politiques à intervenir en faveur des chrétiens d'Orient.
Vladimir Poutine et le pape devraient notamment évoquer ensemble jeudi "la préservation des sites chrétiens sacrés en Syrie", a dévoilé M. Ouchakov.
Un voyage du pape en Russie serait un nouveau pas historique, mais cette hypothèse suscite encore de vives résistances au sein de l'Eglise orthodoxe russe traversée par un courant nationaliste et conservateur.
"Pour l'heure, une éventuelle invitation du pape en Russie ne figure pas à l'ordre du jour", a précisé mercredi, sans surprise, Iouri Ouchakov.
L'Ukraine, où les rebelles prorusses de l'Est sont en majorité des orthodoxes rattachés au patriarcat de Moscou et se battent contre d'autres orthodoxes et les gréco-catholiques (uniates) rattachés à Rome, reste un terrain délicat.
Visite informelle à Berlusconi
Pour cette visite, presque tout le centre historique de Rome - 50 rues au total - est bloqué à la circulation et la presse italienne évoque même un brouillage des communications téléphoniques.
L'imposante limousine russe de Vladimir Poutine, longue de plus de six mètres, l'attend déjà à Rome où son chauffeur s'est entraîné à passer certains portails étroits de palais Renaissance.
Le président russe déjeunera avec le président Sergio Mattarella, avant de rencontrer le Premier ministre italien Paolo Conte. Après une conférence de presse commune, MM. Poutine et Conte prononceront des discours devant un forum de dialogue russo-italien des sociétés civiles.
Les deux vice-Premier ministres italiens - Matteo Salvini et Luigi di Maio - et le ministre des affaires étrangères Enzo Moavero les rejoindront pour un dîner officiel.
Avant de repartir en soirée, M. Poutine verra aussi, de manière informelle, son grand ami Silvio Berlusconi.
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