Les quatorze pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés (emmenés par la Russie) "soutiennent tous la proposition" de garder le cap des limitations de production, a annoncé le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak, après une première réunion lundi à Vienne.
L'annonce de cet accord a d'abord permis au cours du baril de pétrole à New York de bondir au-dessus des 60 dollars, pour la première fois depuis le mois de mai.
Mais le cours pour livraison en août s'est affaibli ensuite, notamment sous l'effet des craintes d'une surabondance de brut dans le monde malgré l'accord, clôturant à 59,09 dollars, (+62 cents). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour septembre a avancé de 32 cents à 65,06 dollars.
Destinée à soutenir les cours du brut, la prolongation de cet effort sur les niveaux de production avait déjà été annoncée vendredi par le président russe Vladimir Poutine, en marge du G20 d'Osaka, levant une grande partie du suspense sur l'issue des réunions prévues jusqu'à mardi dans la capitale autrichienne.
Ces 24 pays de l'alliance Opep+, qui pompent la moitié du pétrole du globe, avaient décidé en décembre d'abaisser leur offre cumulée de 1,2 million de barils par jour pour soutenir les cours, alors que ceux-ci restent sous contrôle malgré la recrudescence des tensions géopolitiques au Moyen-Orient.
Mais l'ascendance de la Russie, deuxième producteur mondial, et de l'Arabie saoudite, chef de file du cartel, qui se sont alliées il y a trois ans pour enrayer l'effondrement des cours, contrarie certains producteurs.
Contre le solo de Ryad
A son arrivée à Vienne lundi, le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh a dénoncé le caractère selon lui unilatéral de l'entente entre Moscou et Ryad annoncée en amont des réunions de Vienne.
"Le principal danger auquel est confrontée l'Opep maintenant est la politique unilatérale", a lancé le ministre, assurant que "l'Opep va mourir avec un tel processus" de décision piloté en solo par son rival régional saoudien.
Une analyse vigoureusement contestée par le Nigéria, selon lequel l'Opep reste "une coopération d'Etats souverains". "Je ne suis pas d'accord avec l'idée que l'Opep se meurt!", a protesté la représentante du Nigeria Folasade Yemi-Esan.
L'Iran s'est également dit opposé à ce stade à tout accord de coopération à long terme visant à pérenniser le partenariat entre l'Opep et ses alliés, regroupés sous l'appellation Opep+.
Pour autant, Téhéran soutient le renouvellement des plafonds de production, dont le pays est jusqu'ici exempté compte tenu du retour des sanctions américaines qui étranglent ses exportations de brut, dans un contexte de fortes tensions géopolitiques, de morosité de la demande et d'offre abondante.
Le budget saoudien nécessiterait un cours du baril d'environ 85 dollars, tandis que Moscou se dit satisfait du niveau actuel du Brent à 60-65 dollars.
La question des réunions de Vienne portait essentiellement sur la durée de ce nouveau pacte, six ou neuf mois, le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Falih, plaidant pour une reconduction sur neuf mois.
Demande morose
Les paramètres à prendre en compte par les producteurs de pétrole sont nombreux. Côté offre, la récente intensification des tensions dans le Golfe (attaques de tankers, drone américain abattu par l'Iran...) ravive les craintes pour la sécurité de l'approvisionnement, mais sans provoquer à ce stade de flambée des prix.
Les risques géopolitiques semblent éclipsés par une demande énergétique morose, sur fond de guerre commerciale sino-américaine et de ralentissement de la conjoncture mondiale. L'Agence internationale de l'énergie a sabré, par deux fois récemment, sa prévision de demande mondiale de brut pour 2019.
Face à cette demande affaiblie, l'offre de brut reste abondante. La production américaine de pétrole de schiste ne cesse de grimper, concurrençant l'Opep et gonflant des stocks mondiaux déjà élevés.
Inquiète, l'Arabie saoudite a réduit son offre bien au-delà des baisses de production imposées dans l'accord, pompant en mai 9,70 mbj, très en dessous des 10,31 mbj convenus. C'est le cas de la plupart des pays liés par l'accord.
"Nous croyons que nos accords de stabilisation de l'offre (...) ont eu un effet positif", argumentait M. Poutine vendredi dans le Financial Times.
La stratégie de l'"Opep+" s'est jusqu'ici révélée payante, puisque le prix du baril de Brent a pris environ 22% depuis janvier.
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