"De notre point de vue, une procédure judiciaire ne peut aboutir à la fin qu'à la libération de Carola Rackete", a jugé le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, dans un tweet, alors que l'affaire a déjà provoqué des étincelles dimanche entre Rome, Berlin et Paris.
"Nous nous opposons à la criminalisation du sauvetage en mer", a ajouté le ministre allemand, reprenant l'argumentation principale de plusieurs collectes de fonds sur internet ayant déjà réuni près de 1,2 million d'euros pour payer les frais de justice de la jeune femme et la poursuite des opérations de l'ONG allemande.
La chancelière Angela Merkel s'est enquise de la jeune capitaine lors d'un entretien dimanche soir à Bruxelles avec le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, qui s'est contenté d'insister sur la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire.
Sans s'exprimer directement sur l'affaire, le Vatican a annoncé lundi que le pape François célèbrerait le 8 juillet, au 6e anniversaire de sa visite à Lampedusa, une messe pour "ceux qui ont perdu la vie en essayant de fuir la guerre et la misère et pour encourager ceux qui, jour après jour, s'emploient à soutenir, accompagner et accueillir les migrants et les réfugiés".
Placée samedi aux arrêts domiciliaires chez une habitante de Lampedusa, Carola Rackete, 31 ans, a été escortée lundi matin vers Agrigente, le chef-lieu dont dépend la petite île italienne, et est arrivée en début d'après-midi au tribunal.
Elle devait être présentée à un juge chargé de valider son arrestation.
Possible libération
Selon les médias italiens, elle pourrait être remise en liberté, dans la mesure où le parquet ne semble pas chercher à ce qu'elle soit maintenue en détention dans l'attente de son procès. Dans ce cas, elle pourrait être rapidement expulsée.
Carola Rackete a été arrêtée pour "résistance ou violence envers un navire de guerre" après avoir obligé une vedette de la police chargée de l'empêcher d'accoster à s'éloigner sous peine d'être écrasée contre le quai à Lampedusa dans la nuit de vendredi à samedi. Pour cela, elle risque jusqu'à 10 ans de prison.
Elle fait également l'objet d'une enquête pour aide à l'immigration clandestine et pour avoir forcé mercredi le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (extrême droite), en vertu d'un décret-loi entré en vigueur mi-juin pour lutter contre les navires d'ONG qu'il accuse d'êtres complices des passeurs.
Dans un communiqué dimanche soir, Sea-Watch a défendu la manoeuvre de sa capitaine, assurant qu'elle avait progressé "très lentement" pour laisser le temps à la vedette de la police de s'éloigner.
La nuit de l'incident, un policier sur la vedette avait expliqué à des journalistes avoir reçu l'ordre de rester le long du quai pour empêcher l'accostage : "Si on était restés sur le chemin, (le Sea-Watch) aurait détruit la vedette".
"Faire le show"
M. Salvini a parlé d'un "acte de guerre". Mais les deux embarcations "se sont à peine touchées", a insisté Sea-Watch.
"Ce n'était pas un acte de violence, seulement de désobéissance", a assuré Carola Rackete dans une interview dimanche. "Mon objectif était seulement d'amener à terre des personnes épuisées et désespérées".
Débarqués samedi à l'aube, les 40 migrants devraient être répartis entre plusieurs pays européens (France, Allemagne, Portugal, Luxembourg et Finlande), comme cela a régulièrement été le cas, souvent après de longues tractations, pour les migrants secourus par des ONG depuis un an.
A Berlin, M. Maas a dénoncé ces hésitations : "Nous avons d'urgence besoin d'une solution européenne, une (solution) qui corresponde à nos valeurs européennes. Le marchandage sur la répartition des réfugiés est indigne et doit cesser".
Le maire de Lampedusa, Salvatore Martello, s'est pour sa part emporté contre l'acharnement de M. Salvini face aux migrants du Sea-Watch alors que "plus de 600" autres sont arrivés sur l'île en moins d'un mois, le plus souvent directement à bord de leurs embarcations de fortune. "Hier soir, il en est arrivé 25, dont des femmes et des enfants (...) mais personne pour faire le show devant les caméras", a-t-il souligné.
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La capitaine du Sea-Watch: "Pas un acte de violence, seulement de désobéissance"
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