"Ce n'était un acte de violence, seulement de désobéissance", explique dans une interview dimanche au Corriere della Sera Carola Rackete, accusée d'avoir tenté une manœuvre dangereuse contre la vedette des douanes qui voulait l'empêcher d'accoster.
"La situation était désespérée, mon objectif était seulement d'amener à terre des personnes épuisées et désespérées. J'avais peur", a ajouté la jeune Allemande qui dit avoir craint que des migrants se suicident en se jetant à l'eau, alors qu'ils ne savent pas nager.
"Je ne voulais certainement pas toucher la vedette des douaniers, mon intention n'était pas de mettre quiconque en danger, je m'en suis déjà excusée et je renouvelle mes excuses", a-t-elle poursuivi.
Sa manœuvre à la barre du Sea-Watch dans la nuit de vendredi à samedi pour accoster à Lampedusa n'a pas fait de blessés et le navire humanitaire a pu débarquer 40 migrants qu'il avait secourus 17 jours plus tôt au large de la Libye.
Placée aux arrêts domiciliaires, la capitaine sera présentée à un juge en début de semaine à Agrigente (sud) et devra répondre des faits notamment des faits d'aide à l'immigration clandestine et de résistance à un navire de guerre. Pour ce dernier délit, elle risque entre trois et dix ans de prison.
"Cela a seulement été de la désobéissance et j'ai fait une erreur d'appréciation en approchant du quai", a encore expliqué la capitaine.
"Je n'avais pas le droit d'obéir, on me demandait de les ramener (les migrants) en Libye. Mais du point de vue de la loi, ce sont des personnes qui fuient un pays en guerre, la loi interdit qu'on puisse les ramener là-bas".
Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini (extrême droite), qui a décidé il y a un an d'interdire l'accès aux ports italiens aux navires d'ONG secourant les migrants en Méditerranée, lui répondu dimanche en réfutant "l'état de nécessité" invoqué par la capitaine du Sea-Watch pour justifier sa manoeuvre.
- 'De bonne humeur' -
"Mais si aucun des migrants à bord n'avait de problèmes de santé, de quelle nécessité parlait-elle ?", a-t-il écrit sur Facebook.
Le père de Carola Rackete, Ekkehart Rackete, a dit pour sa part s'attendre "à ce qu'elle soit libérée sous conditions ou sous caution jusqu'au début du procès".
Dans un entretien dimanche au groupe de presse allemand RND, il assure avoir parlé à sa fille samedi soir, qu'elle "est joyeuse et de bonne humeur" et qu'elle se trouve aux arrêts domiciliaires à Lampedusa "chez une dame très gentille qui s'occupe d'elle".
"Je ne panique pas et je ne m'inquiète pas pour ma fille (...). J'étais inquiet quand elle a traversé la Chine en auto-stop et campé sur la Grande Muraille", a-t-il confié.
Il dit en revanche être préoccupé du fait que sa fille soit sous le feu des projecteurs, "quelque chose qu'elle n'aime pas du tout", a-t-il précisé.
Une collecte lancée à la suite de l'arrestation de Carola Rackete par deux vedettes de la télévision allemande avait dépassé la barre des 400.000 euros dimanche à la mi-journée.
Carola Rackete a été arrêtée dans la nuit de vendredi à samedi après avoir forcé le blocus des eaux italiennes imposé par M. Salvini en vertu d'un décret-loi entré en vigueur mi-juin pour lutter contre les navires d'ONG qu'il considère comme complices des passeurs.
La capitaine a choisi de forcer le passage au beau milieu de la nuit, obligeant la vedette de la police postée le long du quai à s'éloigner. "Si on était restés, (le Sea-Watch) aurait détruit la vedette", a commenté un policier qui se trouvait à bord.
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