Les rues de Manhattan devraient être noires de monde et de drapeaux arc-en-ciel dimanche avec deux défilés pour l'occasion.
"Nous allons avoir la plus grande marche des fiertés de l'histoire du globe", annonçait à vendredi soir le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, grand défenseur de la communauté gay.
La Gay Pride new-yorkaise est depuis longtemps un grand évènement touristique, avec plusieurs centaines de milliers de personnes, y compris de nombreuses personnalités politiques et célébrités.
Mais cette année, les organisateurs ont mis les bouchées doubles pour accueillir la "World Pride", évènement international dédié cette année aux émeutes qui, six jours durant à compter du 28 juin 1969, devant le bar gay de Stonewall au coeur de Greenwich Village, opposèrent policiers et gays excédés par la répression de leur communauté.
Un an après, pour célébrer cette rébellion, New York organisait sa première Gay Pride, une manifestation qui devait essaimer dans les métropoles du monde entier. L'homosexualité reste illégale aujourd'hui dans quelque 70 pays.
Retour en arrière?
Le défilé principal doit se mettre en branle dimanche à midi (16H00 GMT) depuis la 5e Avenue et la 26e rue, direction Greenwich Village, avec 150.000 participants inscrits et le parrainage de 70 entreprises (dont L'Oréal, Danone ou les magasins Macy's). Elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir s'associer à l'évènement.
Quelque trois millions de personnes sont attendues, venues des quatre coins du monde, pour cette journée qui doit se terminer par une fête à Times Square et un concert de Madonna, icône de la communauté gay.
Parmi les participants, Helen Gollin, 63 ans, Australienne, à l'origine de la première marche du "Mardi Gras" pour les droits homosexuels à Sydney, en 1978.
"Je suis venue pour honorer tout ce qui a été fait avant nous, et ceux qui sont morts au nom de notre liberté," confiait-elle ce week-end.
Stonewall, "c'est notre histoire. C'est la raison pour laquelle nous pouvons être ce que nous voulons être, c'est pour ça que c'était important de venir célébrer", expliquait aussi Francesco Servalli, 38 ans, venu d'Italie avec quatre amis.
Pour lui comme pour beaucoup d'autres, la Gay Pride est aussi l'occasion de s'encourager à poursuivre la lutte pour l'égalité des droits, dans un contexte mondial marqué par l'arrivée au pouvoir de dirigeants politiques "extrêmes" – il cite Donald Trump, Matteo Salvini en Italie et Jair Bolsonaro au Brésil.
"J'ai l'impression qu'on revient en arrière", dit-il, invoquant notamment les agressions contre les transgenres. "Mais peut-être que c'est ça, l'histoire: parfois il faut revenir un peu en arrière pour pouvoir aller plus loin".
Dérive commerciale
Malgré cette volonté affichée de se battre, la Gay Pride est devenue une telle machine commerciale que, pour la première fois cette année, des militants homosexuels organisent un défilé alternatif qui partira dès le matin, de Stonewall vers Central Park.
"La Gay Pride n'est pas à vendre (...), elle a été complètement dévoyée", affirme Bill Dobbs, un des organisateurs de cette marche contestataire. Sa marche à lui se veut austère et "fidèle à l'esprit de Stonewall", et espère attirer des milliers de personnes.
Avec tant de monde dans la rue, la police a prévu de déployer des milliers d'agents, dans les rues, sur les toits, avec drones et hélicoptères dans les airs.
Après la fusillade dans un bar gay d'Orlando, en juin 2016, la police new-yorkaise avait renforcé son dispositif. "Depuis, la menace n'a fait que s'accentuer, avec la menace croissante de l'extrême droite qui peut aussi viser la communauté LGBTQ", expliquait début juin John Miller, responsable antiterroriste de la police new-yorkaise.
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