Dès l'annonce de l'accord, les tweets et autres communiqués courroucés se sont multipliés, contrastant avec les larges sourires des négociateurs européens et sud-américains, satisfaits de ce compromis jugé "historique" après 20 ans de discussions.
"Quelques semaines après l'élection européenne, inacceptable signature d'un accord Mercosur-UE qui va exposer les agriculteurs européens à une concurrence déloyale et les consommateurs à une tromperie totale", a ainsi twitté Christiane Lambert, la patronne du premier syndicat agricole français FNSEA.
"Honte à la Commission de pactiser avec (le président brésilien d'extrême droite) Jair Bolsonaro, qui s'en prend aux démocrates, aux LGBT et aux femmes, à l'Amazonie et a homologué 239 pesticides depuis janvier", a écrit l'eurodéputé écologiste français Yannick Jadot.
Même au sein du camp du président français Emmanuel Macron, qui a salué l'accord, des critiques se sont fait entendre: l'eurodéputé Pascal Durand, ex-écologiste élu sur la liste LREM, évoque un "jour funeste".
"L'accord de libre-échange que (le président de la Commission Jean-Claude) Juncker est si fier d'avoir négocié avec Bolsonaro détruira l'environnement", a-t-il avancé.
Ces réactions résument les profondes interrogations autour de cet accord, amené à devenir l'un des plus importants du monde: 770 millions de personnes, un quart du PIB mondial (18.000 milliards d'euros).
Dans ce contexte tendu, la nécessaire approbation du compromis par les 28 Etats membres, puis le Parlement européen, semble plus indécise que jamais.
Pour parvenir à un compromis, le Mercosur a dû ouvrir grand ses portes à l'industrie européenne, tout particulièrement ses voitures, mais aussi sa chimie ou ses produits pharmaceutiques, ainsi que ses marchés publics.
L'UE a cependant consenti à de lourdes contreparties dans le secteur agricole: elle facilitera l'accès à son marché à quatre pays avides d'écouler sucre, éthanol, volailles ou boeuf.
Avec cet accord, le Mercosur va notamment pouvoir exporter vers l'UE quelque 99.000 tonnes de viande bovine au taux préférentiel de 7,5%, fragilisant un peu plus les éleveurs européens.
"Totalement déséquilibré"
En France, ceux-ci sont déjà très touchés par la guerre des prix dans la distribution et sous le feu des critiques de mouvements végans radicaux.
Lourdement dépendants des subventions européennes, ils estiment qu'ils ne parviendront pas à concurrencer les "usines à viande" latino-américaines.
D'autant que, selon eux, les deux continents ne sont pas sur un pied d'égalité: antibiotiques utilisées comme hormones de croissance d'un côté, assorties de déforestation, contre toujours plus de normes environnementales côté européen.
"A quoi bon demander en France et en Europe une montée en gamme en termes de qualité et de respect de l'environnement si c'est pour importer des produits contraires à cet effort?" s'interroge le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA).
En Allemagne, Joachim Rukwied, patron du Deutscher Bauernverband, principal syndicat agricole, évoque lui un "accord totalement déséquilibré", qui va mettre en péril "beaucoup d'exploitations agricoles familiales".
Concédant que le texte engendre "certains défis pour les agriculteurs européens", le commissaire à l'Agriculture Phil Hogan leur a promis "une aide financière" jusqu'à un milliard d'euros "en cas de perturbation du marché".
En marge du sommet du G20 au Japon, Emmanuel Macron a considéré qu'il s'agissait d'un "bon" accord, mais promis que la France resterait "vigilante".
Sur le plan environnemental, le Français se dit satisfait que le texte --pas encore publié-- comporte une référence explicite à l'accord de Paris sur le climat et garantisse selon lui "le respect" des normes environnementales et sanitaires de l'UE.
Du côté du Parlement européen, l'Allemand Bernd Lange, vice-président du groupe Socialistes et démocrates, a prévenu que "d'autres négociations seront nécessaires" si l'exigence sur l'environnement et les normes du travail n'était pas suffisante.
"À la lumière des récentes déclarations et décisions du gouvernement brésilien, il doit être clair que l'Europe ne signera qu'un accord commercial qui place la durabilité au cœur de ses préoccupations", a-t-il dit.
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