"Quelques semaines après l'élection européenne, inacceptable signature d'un accord Mercosur-UE qui va exposer les agriculteurs européens à une concurrence déloyale et les consommateurs à une tromperie totale", a twitté la patronne du premier syndicat agricole français FNSEA, Christiane Lambert sur le slogan "n'importons pas l'agriculture et l'alimentation que nous ne voulons pas chez nous".
En cause, les quelque 99.000 tonnes de viande bovine que les quatre pays latino-américains devraient pouvoir exporter vers l'UE sans droit de douane, fragilisant un peu plus les 85.000 éleveurs français de vaches allaitantes. Ceux-ci sont déjà très touchés par la guerre des prix dans la distribution en France et sous le feu des critiques de mouvements végans radicaux.
Le commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan a promis vendredi soir "une aide financière" jusqu'à un milliard d'euros "en cas de perturbation du marché".
Lourdement dépendant des subventions européennes, organisés en exploitations familiales extensives au revenu très bas (entre 10.000 et 12.000 euros en moyenne en 2018, selon la Fédération nationale bovine), les éleveurs français estiment qu'ils ne parviendront pas à concurrencer les "usines à viande" latino-américaines.
D'autant que selon eux, les pratiques illustrent un double-standard de production entre les deux continents: antibiotiques utilisées comme hormones de croissance d'un côté, assorties de déforestation et toujours plus de normes environnementales côté européen.
Les tweets des responsables agricoles montraient l'abattement et l'ampleur de l'incompréhension face à un accord qui menace leur survie.
"A quoi bon demander en France et en Europe une montée en gamme en termes de qualité et de respect de l'environnement si c'est pour importer des produits contraires à cet effort?" s'interroge le syndicat Jeunes Agriculteurs.
La Confédération paysanne, plutôt classée à gauche, a dénoncé sur twitter le "sacrifice de l'agriculture et l'élevage sur l'autel d'un commerce cannibale et d'une course folle à la croissance au détriment du climat, de la planète et des hommes".
Le plus déçu est sans doute Jeremy Decerle, ancien président des Jeunes agriculteurs (JA) et tout nouveau député européen de la liste Renaissance soutenue par Emmanuel Macron.
"En parfaite transparence, un vendredi soir, l'accord commercial UE Mercosur est conclu par la commission sortante. Les consommateurs et les agriculteurs méritaient plus de respect. En tant que député européen je ne peux pas l'approuver" a-t-il twitté.
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