"Les éléments recueillis à l'heure qu'il est ne permettent pas de considérer qu'il s'agit d'un attentat", a assuré vendredi à l'AFP le procureur de la République de Brest Jean-Philippe Récappé, soulignant par ailleurs que la section antiterroriste du parquet de Paris ne s'était pas saisie de l'affaire.
C'est la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Rennes qui est chargée de l'enquête.
"Nous condamnons avec force et détermination le lâche attentat perpétré contre l'imam de la mosquée de Brest Rachid El Jay", avait déclaré jeudi à l'AFP Abdallah Zekri, délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) et président de l'observatoire national contre l'islamophobie, rappelant que l'imam avait été menacé par Daech en raison de ses "discours en phase avec les valeurs de la République".
Peu après 16H00 jeudi, plusieurs coups de feu ont été tirés devant la mosquée Sunna de Brest, un bâtiment beige d'un étage situé dans le nord-est de la ville, blessant deux personnes dont l'imam Rachid El Jay, qui avait fait parler de lui en 2015 en raison de prêches controversés avant d'adopter un discours plus modéré.
L'auteur présumé des faits a été retrouvé mort quelques heures plus tard dans une zone boisée de Guipavas, aux portes de Brest. "Tout laisser à penser qu'il se soit suicidé", a indiqué M. Récappé, précisant qu'avant les faits il avait adressé à l'imam de Lille une lettre, accompagnée de la photocopie de sa carte d'identité, justifiant son acte. L'imam de Lille avait fait suivre le courrier à l'imam de Brest, "mais la police n'était pas au courant", a assuré M. Récappé.
Un "déséquilibré"
"Il m'a ordonné d'égorger l'imam Rachid El Jay", est-il écrit dans cette lettre manuscrite de deux pages, à propos des consignes que lui aurait données un des hommes cagoulés présents dans une camionnette noire dans laquelle il aurait été brièvement retenu. "Je suis obliger de le tuer, si je ne le fais pas ils tueront ma famille", poursuit l'auteur du texte diffusé sur les réseaux sociaux. "Juste avant de me sortir de la camionnette, ils m'ont implanté une espèce de puce dans le bras".
Ce courrier "ne relève pas notamment de ce que l'on voit actuellement des attentas islamistes ou djihadistes", a estimé le procureur Récappé. Selon une source proche de l'enquête, l'auteur présumé des faits serait "un déséquilibré".
Dans le courrier, ce dernier dit être âgé de 21 ans et originaire de Normandie, mais vivre depuis trois ans environ à Lyon.
"En dehors du fait qu'il n'est pas connu des services de police et de justice, en dehors du fait qu'il avait accès aux armes puisqu'il avait une licence de tir, je n'ai pas grand chose d'autre à dire", a assuré M. Récappé, qui a cependant annoncé une conférence de presse à 16H30 vendredi.
"L'imam a reçu quatre balles, deux dans l'abdomen, deux dans les jambes. Le fidèle a reçu deux balles dans les jambes. Ils sont pris en charge et leurs jours ne sont pas en danger", avait affirmé jeudi le CFCM. Les faits se sont produits dans la cour de la mosquée. Des tâches de sang étaient visibles par terre.
Les deux blessés ont été conduits aux urgences de l'hôpital de la Cavale Blanche de Brest, mais leur pronostic vital n'est pas engagé.
D'après Trabelsi Hosny, adjoint au maire de Brest, l'imam sortait de la mosquée avec l'un de ses amis, lorsque "une personne s'est présentée voulant faire une photo avec l'imam, ce que l'imam a accepté". C'est alors que le tireur a agi, a-t-il raconté à l'AFP sur place.
L'auteur présumé des faits s'est ensuite enfui à bord d'une Clio grise, rapidement retrouvée vide de tout occupant sur une petite route de Guipavas. La zone a alors été ratissée par environ 60 militaires, aidés par un hélicoptère. Le corps du jeune homme a été découvert 500 mètres plus loin.
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