La tenue d'un procès en correctionnelle de l'ancien candidat à la présidentielle, des députés Alexis Corbière et Bastien Lachaud, de l'eurodéputé Manuel Bompard, du conseiller d'Etat Bernard Pignerol et de l'attachée de presse du mouvement Muriel Rozenfeld, révélé jeudi par L'Express, a été confirmée à l'AFP par une source proche du dossier.
Ils sont poursuivis en citation directe par le parquet de Bobigny pour actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire, rébellion et provocation, et comparaîtront donc devant des juges de la même ville les 19 et 20 septembre.
Une "fake news à ce stade", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de Jean-Luc Mélenchon, Me Mathieu Davy. Il a estimé que la diffusion de cette information, "non encore transmise aux intéressés", "constitue une violation du secret de l'enquête".
M. Mélenchon a quant à lui tweeté avec ironie: "Perquisitions. La boucle police/justice/médias continue. +L'Express+ avait publié illégalement des PV d'auditions. Maintenant il annonce que nous serons convoqués en correctionnelle en septembre. La justice pensera sans doute à nous informer nous aussi. Si +L'Express+ le permet".
Une défense dans la continuité de celle des derniers mois, au cours desquels le patron des députés insoumis a régulièrement comparé sa situation aux déboires judiciaires du Brésilien Lula, empêché intentionnellement, selon lui, de se présenter à la présidentielle, et aux procédures visant des "gilets jaunes".
"On n'était pas au courant. Si c'est vrai, ce n'est pas normal qu'on n'en soit pas informés", a insisté son entourage auprès de l'AFP.
Fragilité
En octobre, Jean-Luc Mélenchon s'était opposé avec virulence aux perquisitions menées chez lui et au siège de LFI dans le cadre de deux enquêtes préliminaires du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne 2017 et sur les conditions d'emploi d'assistants d'eurodéputés de la France insoumise - confiées depuis novembre à des juges d'instruction.
Le leader de LFI, filmant en direct sur Facebook la perquisition de son domicile, avait dénoncé une "énorme opération de police politique" à son encontre. Plus tard le même jour, il s'était rendu avec des proches au siège du mouvement, où une autre perquisition avait viré à la confrontation.
Devant les caméras de télévision, le leader de LFI avait appelé ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux où la perquisition était en cours, affirmant notamment: "La République c'est moi". On le voyait également bousculer un représentant du parquet ainsi qu'un policier qui tentait de s'interposer.
Le parquet de Paris avait aussitôt ouvert une enquête pour "menaces ou actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire" et "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique". L'affaire a ensuite été dépaysée au parquet de Bobigny "dans un souci d'impartialité", selon le parquet général de Paris.
La révélation des poursuites concernant l'attitude, très médiatisée, des Insoumis durant les perquisitions d'octobre complique davantage encore la situation politique précaire de Jean-Luc Mélenchon, fragilisé par un score décevant de 6,3% de la liste LFI aux élections européennes de mai.
Lors de l'assemblée représentative du mouvement le weekend dernier à Paris, le leader insoumis avait pourtant souhaité "fermer" une séquence politique et en ouvrir une autre, se projetant vers la présidentielle de 2022.
Une démonstration d'autorité qui n'a pas éteint les interrogations. Le député François Ruffin, électron libre qui s'est parfois montré ambigu sur son propre rôle dans la présidentielle, a déclaré au Point jeudi: "En 2022, il n'est pas évident que notre famille politique doive absolument présenter un candidat. Les choses ont changé: LFI n'est plus hégémonique à gauche. Si une autre candidature semble meilleure pour défendre le progrès social, il faudra peut-être s'y rallier."
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