Déjà rappelée à l'ordre, l'élue de l'Oise, 55 ans, n'a cette fois-ci pas échappé à la sentence ultime de la commission des conflits du parti présidentiel, que réclamaient plusieurs membres du gouvernement, de la majorité parlementaire et des associations LGBT.
"Ces propos sont préjudiciables à la cohésion du mouvement et nuisent à son image", a estimé la commission qui, en février, n'avait adressé qu'une simple "mise en garde" à celle qui voulait incarner une "voix dissonante" au sein de la majorité sur la PMA (procréation médicalement assistée).
"La procédure est scandaleuse (...) Il n'y a rien dans ce dossier qui justifie de mon exclusion. Cela s'appelle un délit d'opinion que je contesterai", a réagi dans les couloirs du Palais Bourbon Mme Thill, jugeant l'attitude de son mouvement "sectaire".
Son avocat Me Richard Sebban avait évoqué mardi la possibilité d'engager "une saisine du tribunal de grande instance pour demander sa réintégration" en cas d'exclusion, après l'audition de sa cliente par la commission pendant près de deux heures mardi.
"C'est uniquement mes pensées différentes sur la PMA pour toutes qui valent mon exclusion. Et que l'on ne vienne pas me dire: +Non c'est la façon dont vous le dites+", estime l'ancienne directrice d'école qui tire à boulets rouges depuis des mois sur l'ouverture de la PMA aux couples lesbiens et aux femmes seules, une promesse du candidat Macron.
Le projet de révision des lois de bioéthique, qui inclut la PMA pour toutes, doit être présenté en Conseil des ministres en juillet puis examiné par le Parlement fin septembre. Et ce, avec une "liberté de vote" pour les "marcheurs", a promis le délégué général de LREM Stanislas Guerini.
Pas de "police de la pensée"
Souffrance des femmes seules ayant recours à la PMA comparée à celle de "drogués", existence d'un "puissant lobby LGBT" au Palais Bourbon et "absence de genre dans le mot parent" qui "favorise(rait) l'éclosion d'écoles coraniques"... cette femme menue à lunettes a nourri la controverse à plusieurs reprises sans pour autant perdre sa place au sein d'En Marche.
Mais depuis la dernière mise en garde du parti, d'autres propos ont provoqué l'exaspération de quelques collègues députés qui ont menacé de quitter LREM si elle n'était pas exclue.
En avril, reprenant un article du magazine Têtu qui faisait part du "coming out médiatique" du secrétaire d'État Gabriel Attal sur son homosexualité et son désir de paternité, Mme Thill avait tweeté: "Au moins la couleur est annoncée. #bioéthique en juin". "Chacun de tes tweets t'éloigne de ce que nous sommes", lui avait répondu le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Une interview publiée le 5 juin dans le magazine L'Incorrect, fondé par des personnalités entre droite et extrême droite, avait aussi dérangé. Elle y affirmait que la révision des lois de bioéthique "restera dans l'histoire comme celle qui aura évincé les pères de la naissance et de l'éducation des enfants".
"Il est impératif que nous puissions avoir un débat apaisé, ce que ne permettaient pas les propos et prises de position d'Agnès Thill", a commenté mercredi dans un communiqué Stanislas Guerini. Le chef de file des "marcheurs" à l'Assemblée Gilles Le Gendre proposera jeudi au bureau du groupe parlementaire son exclusion, "dans le prolongement" de la décision de la commission des conflits.
Pas de "police de la pensée" mais "une décision qui se base sur des faits insupportables et récurrents", a salué sur Twitter le député Guillaume Chiche (LREM), en se réjouissant de l'exclusion de l'élue de l'Oise qu'il demandait depuis des mois.
"Enfin les propos homophobes d'Agnès Thill sont sanctionnés", s'est également félicité Joël Deumier, co-président de SOS Homophobie: "On peut s'opposer à la PMA mais on n'a pas le droit d'être homophobe dans son opposition".
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