Le moins orthodoxe des présidents américains, ancien promoteur immobilier et homme d'affaires, a tourné le dos à l'approche politique classique et ses dossiers épineux que sont le contrôle de la Cisjordanie occupée, la création ou non d'un Etat palestinien ou d'autres questions politiques, sur lesquelles butent les diplomates depuis des décennies.
La politique suivra, estime l'administration Trump. Pour l'instant, son plan va se concentrer sur des propositions économiques, présentées pendant deux jours "d'atelier" dans un palace surplombant les eaux du Golfe, à Bahreïn.
Présenté par le gendre et conseiller du président, Jared Kushner, ce plan intitulé "De la paix à la prospérité" fait miroiter 50 milliards de dollars d'investissements internationaux dans les Territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans.
Rejet a priori
Selon les Américains, cela pourrait aussi représenter, grâce à de grands travaux et le développement du tourisme, la création d'un million d'emplois pour des Palestiniens englués dans une crise économique.
Mais les Palestiniens ont dès le départ rejeté cette initiative, estimant qu'il s'agissait, de la part d'un Trump ouvertement pro-israélien, de tenter de les acheter, en échange de leur renoncement à obtenir l'Etat auquel ils aspirent.
"Nous ne pouvons accepter que l'Amérique transforme cette cause qui est politique en une cause économique", a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas.
Des manifestations ont eu lieu lundi en Cisjordanie occupée pour protester contre la tenue de cette conférence.
Près d'Hébron, des manifestants ont brûlé des portraits du président Trump et du roi de Bahreïn et se sont assis autour d'un cercueil sur lequel ils avaient écrit "Pas d'accord du siècle", une formule ironique pour désigner les ambitions de Donald Trump de régler le conflit israélo-palestinien à sa manière.
Pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ce rejet a priori est la preuve que les Palestiniens ne veulent pas vraiment la paix.
"Je ne comprends pas comment les Palestiniens ont rejeté le plan avant même d'avoir pris connaissance de ce qu'il contenait", a-t-il déclaré.
Il a évoqué au cours des derniers mois la possibilité d'annexer une partie des territoires occupés, ce qui mettrait fin aux espoirs des Palestiniens de parvenir à fonder leur propre Etat.
L'ambassadeur américain en Israël, David Friedman, a fait savoir que son pays pourrait accepter cette annexion et l'administration Trump a indiqué que la partie politique de son plan pourrait ne pas faire référence à un Etat palestinien, contrairement à ce qu'a défendu la diplomatie américaine pendant des décennies.
Le président Trump a déjà reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël --en rupture avec des décennies de consensus international-- et Jared Kushner est un ami de la famille Netanyahu.
La plupart des pays européens ont choisi de ne pas assister à la conférence, où seront surtout représentés les Etats du Golfe, censés financer l'essentiel du plan s'il était appliqué.
La Jordanie et l'Egypte, les deux seules nations arabes ayant signé un accord de paix avec Israël, ont envoyé à Manama des diplomates de second rang. Le ministère jordanien des Affaires étrangères a toutefois estimé "qu'aucune proposition économique ne pourrait remplacer une solution politique qui mette fin à l'occupation" des Territoires palestiniens. Le Maroc est également représenté par un fonctionnaire.
Un succès?
En l'absence des principaux intéressés, la conférence ne devrait pas parvenir à des résultats tangibles, estiment les experts, mais cela permettra à l'administration américaine de tenter de rapprocher les Etats du Golfe de leur allié principal dans la région, Israël, dans le cadre d'une alliance anti-iranienne.
Fait sans précédent, quelques journalistes israéliens invités par la Maison Blanche vont couvrir ces travaux à Bahreïn. La plupart des pays arabes ferment leurs frontières aux citoyens israéliens, à moins qu'ils ne voyagent sous une autre nationalité.
Les ministres des Finances de pays arabes du Golfe, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, le président de la Banque mondiale David Malpass et l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair seront également présents.
Selon Richard LeBaron, un ancien diplomate américain spécialiste du Moyen-Orient, l'absence des dirigeants palestiniens va permettre à Jared Kushner de les décrire comme des personnes faisant fi du bien-être économique de leur peuple.
"L'échec de l'atelier de Manama sera en fait un succès pour la stratégie de Trump", juge M. LeBaron, membre du groupe de réflexion Atlantic Council. "Cela permettra à Kushner et son équipe de prétendre qu'ils ont tout fait pour parvenir à une solution et de reprocher à d'autres leur manque de coopération".
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