Plus tôt lundi, après quatre jours de manifestations, l'oligarque et chef du parti au pouvoir Bidzina Ivanichvili a annoncé une "réforme politique de grande ampleur" applicable dès les élections législatives de 2020. Il cède ainsi à une des revendication des manifestants qui se rassemblent quotidiennement depuis la semaine dernière dans ce pays du Caucase.
L'homme le plus riche du pays a ajouté qu'il n'y aurait pas de seuil minimum requis pour entrer au Parlement, qui sera élu au scrutin proportionnel. "Tous les acteurs politiques existants seront représentés", a-t-il assuré.
Pour l'opposition, le système électoral actuel favorise le parti du Rêve géorgien, fondé par M. Ivanichvili et au pouvoir depuis 2012.
Si le milliardaire répond là à une demande de l'opposition, qui mène les manifestations depuis jeudi, il n'a visiblement pas réussi à totalement apaiser les protestataires, qui réclament aussi la tenue de législatives anticipées et la démission du puissant ministre de l'Intérieur.
- "Victoire partielle" -
Si beaucoup de manifestants se sont réjouis lundi des concessions du gouvernement, ils se sont néanmoins dits déterminés à maintenir leur pression pour que leurs autres demandes soient satisfaites.
"Nous avons arraché des mains d'Ivanichvili de premières concessions mais ce n'est que le début. Notre but est la fin des oligarques en Géorgie", a déclaré à l'AFP Chota Nodia, un libraire de 45 ans.
"Un ministre de l'Intérieur qui ordonne des tirs de balles en caoutchouc sans sommation sur des manifestants pacifiques et des adolescents doit démissionner et en répondre devant la justice", a déclaré un autre manifestant, Anton Aladachvili, un ingénieur de 59 ans.
Eléné Khochtaria, dirigeante de l'un des principaux partis d'opposition, "Géorgie européenne", s'est félicitée des "premiers résultats" obtenus par les manifestants, mais a maintenu que le ministre de l'Intérieur Guiorgui Gakharia devait quitter son poste.
Un autre parti d'opposition, le Mouvement national uni de l'ex-président éxilé Mikheïl Saakachvili, a demandé également la "libération de tous les prisonniers politiques".
Les manifestations ont commencé après le discours polémique d'un député russe devant le Parlement géorgien, alors que les relations sont toujours très tendues entre Tbilissi et Moscou, plus de dix ans après la brève guerre entre les deux pays en août 2008.
De violentes échauffourées ont fait dans la nuit de jeudi à vendredi 240 blessés -- 160 manifestants et 80 policiers -- alors qu'au moins 10.000 personnes s'étaient rassemblées devant le Parlement.
Plusieurs médias ont rapporté que des manifestants, dont une jeune fille de 19 ans, avaient été éborgnés par des tirs de balles en caoutchouc. Dix policiers ont été suspendus.
Les manifestations ont continué les jours suivants et se sont transformées en un mouvement de colère contre Bidzina Ivanichvili et le président russe Vladimir Poutine, les protestataires dénonçant la proximité entre l'homme d'affaire géorgien et la Russie.
- Contrôle des vins -
La crise politique a pris un tournant géopolitique après la décision de Vladimir Poutine d'interdire à partir du 8 juillet les vols des compagnies aériennes russes vers la Géorgie, en réponse, selon les autorités russes, à une "provocation russophobe".
L'agence russe de protection des consommateurs, en charge notamment du contrôle sanitaire, a de son côté annoncé lundi un renforcement des contrôles sur les importations de boissons alcoolisées venues de Géorgie, notamment du vin, un secteur clé de l'économie géorgienne avec le tourisme.
Les tensions restent fortes entre Tbilissi et Moscou, qui se sont affrontés lors d'une guerre courte mais sanglante en 2008. L'armée russe était alors intervenue sur le territoire géorgien pour soutenir la petite Ossétie du Sud, région séparatiste prorusse, où Tbilissi avait lancé une opération militaire.
Depuis, des troupes russes sont stationnées en Ossétie du Sud et dans l'autre territoire séparatiste prorusse, l'Abkhazie. La Russie a reconnu l'indépendance de ces deux territoires qui jouxtent sa frontière.
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