Dans les bastions de l'opposition, comme Besiktas sur la rive européenne ou Kadiköy sur la rive asiatique de la ville, les Stambouliotes ont fait la fête jusqu'à tard dans la nuit, agitant des drapeaux, dansant au milieu des voitures et buvant des bières "à la santé de Tayyip".
Quasiment inconnu il y a quelques mois, Ekrem Imamoglu a fait une entrée fracassante sur la scène politique nationale en rééditant dimanche sa victoire annulée trois mois plus tôt contre un poids lourd du parti au pouvoir, l'ex-Premier ministre Binali Yildirim.
Mieux: alors que seulement 13.000 voix séparaient les deux candidats lors du premier scrutin en mars, invalidé à la suite de recours du parti au pouvoir AKP, M. Imamoglu a devancé M. Yildirim de près de 800.000 voix dimanche, jour où s'est rejouée l'élection.
"Ce n'était pas bien de recommencer cette élection, mais le fait qu'il y a eu un tel écart au final, c'est une bonne chose pour Istanbul", estime Servan Soydan, un Stambouliote qui soutient l'opposition, en promenant son chien lundi matin.
L'enthousiasme était moins marqué dans les médias, pour la plupart contrôlés par le pouvoir. "Istanbul a voté", titraient sobrement plusieurs journaux. Le quotidien progouvernemental Sabah se démarquait en estimant que "la démocratie (avait) gagné".
Nombre d'analystes estiment qu'en demandant la répétition de l'élection à Istanbul, M. Erdogan et son parti ont commis une erreur de calcul, faisant de M. Imamoglu une victime et une figure désormais de premier plan.
La "victoire massive" de M. Imamoglu "est une leçon de démocratie: les gens tiennent à ce que leurs droits soient respectés", souligne dans un tweet Marc Pierini, analyste à Carnegie Europe et ancien ambassadeur de l'Union européenne à Ankara.
Devant le résultat sans appel -- 54% des voix pour M. Imamoglu--, le président Erdogan a félicité le candidat de l'opposition dimanche soir.
Son parti, l'AKP, reste le plus populaire à l'échelle nationale. Mais il pâtit des difficultés économiques que connaît actuellement la Turquie, avec une inflation à 20%, un affaissement de la livre turque et un chômage élevé.
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