Elle a aussi annoncé la désignation de délégués chargés de surveiller la situation des droits humains dans le pays.
Peu avant ces déclarations, le président Nicolas Maduro, qu'elle a rencontré pendant près de deux heures au palais présidentiel de Miraflores, s'est engagé à examiner "avec sérieux" les recommandations que Michelle Bachelet formulera dans un rapport à venir sur le Venezuela.
"J'appelle les autorités à libérer tous ceux qui sont détenus ou privés de liberté parce qu'ils ont exercé leurs droits civils de manière pacifique", a déclaré Michelle Bachelet lors d'une allocution à la presse, peu avant de quitter le Venezuela après une visite de trois jours.
Selon l'ONG Foro Penal, il y a près de 700 "prisonniers politiques" au Venezuela, mais le gouvernement de Nicolas Maduro récuse ce terme.
Lors de son séjour, l'ancienne présidente du Chili a rencontré des proches de ces détenus, dont nombre sont accusés de "complot" visant à renverser le gouvernement. Elle s'est également entretenue avec les proches de personnes mortes pendant les manifestations anti-Maduro de 2017.
"Nous avons trouvé un accord avec le gouvernement afin que deux responsables chargés des droits humains résident ici", a aussi expliqué Michelle Bachelet à la presse. Leur mandat "sera de porter assistance et conseil mais aussi, et c'est très important, de continuer à surveiller la situation des droits humains au Venezuela".
"La situation humanitaire est grave" et elle "affecte de nombreux personnes" dans ce pays latino-américain frappé de plein fouet par la pire crise sociale et économique de son histoire récente, a dit Mme Bachelet.
La récession qui se traduit entre autres par une hyperinflation, des pénuries et des coupures de courant à répétition a poussé 4 millions de Vénézuéliens à émigrer depuis 2015, selon l'ONU. Quelque sept millions de personnes, soit un quart de la population, a besoin d'une aide humanitaire d'urgence, toujours d'après les Nations unies.
"Scepticisme"
Au plan politique, le pays vit au rythme du bras de fer entre Nicolas Maduro et le chef de file de l'opposition Juan Guaido, depuis que ce dernier s'est autoproclamé président par intérim le 23 janvier et qu'il a été reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.
Juan Guaido qualifie Nicolas Maduro de "dictateur" et d'"usurpateur", car il est parvenu à se maintenir au pouvoir à la faveur de l'élection présidentielle "frauduleuse" de l'an dernier.
A l'issue de sa rencontre avec Michelle Bachelet dans la matinée, l'opposant a affirmé qu'elle plaiderait pour "la libération des prisonniers politiques".
Il avait aussi appelé les habitants de Caracas à manifester pour leur libération. Quelque 300 personnes ont répondu à l'appel, scandant des slogans tel que "Maduro, c'est Pinochet", en référence à l'ancien dictateur chilien dont la police politique a torturé Michelle Bachelet dans les années 1970.
Lors de son intervention, Michelle Bachelet a appelé au dialogue entre gouvernement et opposition et a appuyé la médiation de la Norvège, où des délégués des deux camps se sont entretenus en face-en-face pour la première fois au mois de mai, sans résultat pour le moment.
"Je comprends le scepticisme de certains quant à la possibilité que ce genre de négociations portent des fruits, mais la grave situation du pays doit pousser les dirigeants à essayer", a-t-elle estimé.
Michelle Bachelet a enfin critiqué les sanctions prises par l'administration de Donald Trump et destinées à mettre encore davantage de pression sur Nicolas Maduro.
"Je suis inquiète de ce que les sanctions imposées cette année par les Etats-Unis sur les exportations de pétrole et le commerce de l'or exacerbent et aggravent la crise économique", a-t-elle déclaré.
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