Il s'agit du troisième crime connu de cet ancien cariste-magasinier de 59 ans avec ceux commis sur Moktaria Chaïb, 19 ans et Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, toutes deux violées et tuées dans le quartier de la gare de la préfecture des Pyrénées-Orientales en décembre 1997 et juin 1998.
Celui d'Isabelle Mesnage remonte donc au 28 juin 1986, selon les aveux passés lors de sa garde à vue à Béziers jeudi matin, rapportés par le parquet d'Amiens dans un communiqué.
Extrait mardi de la maison d'arrêt de Béziers, où il purge une peine de réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans après sa condamnation en mars 2018, Rançon a ainsi reconnu, après avoir "réfuté initialement les faits", l'enlèvement de cette jeune informaticienne alors qu'elle faisait du stop. Il l'a ensuite "frappée, violée avant de l'étrangler" puis "porté atteinte à son corps avec le même mode opératoire que celui qui sera utilisé pour ses futures victimes".
Le corps d'Isabelle Mesnage avait été retrouvé le 3 juillet 1986 dans un bois de la commune de Cachy, village de la Somme à une douzaine de kilomètres d'Amiens. Ses vêtements étaient en partie déchirés et des objets lui appartenant étaient disséminés non loin d'elle.
Faute d'élément probant, l'enquête avait piétiné jusqu'à un non-lieu prononcé en février 1992.
"Mutilations similaires"
Mais les avocats de la famille de la victime, intrigués par la similitude du mode opératoire, ont récemment permis de relancer l'affaire. "La photographie de la scène de crime, qui était la copie conforme" de ceux de Moktaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez, "a constitué un déclic", a déclaré à l'AFP Me Corinne Herrmann, avocate de la famille d'Isabelle Mesnage. Et l'ordonnance de mise en accusation du procès de Perpignan "a permis d'affiner les choses".
Le 21 avril 2018, suite à l'intervention des avocats, le parquet d'Amiens saisissait ainsi la section de recherches d'Amiens et faisait réaliser plusieurs actes, parmi lesquels une autopsie et une expertise médico-légale révélant "des mutilations aux parties génitales similaires" à celles subies par les victimes de Perpignan, selon Me Corinne Herrmann.
L'enquête a aussi montré que Rançon vivait à l'époque dans la région, qu'il connaissait "particulièrement bien (...) les lieux discrets existants aux alentours" et que "le lieu des faits était situé dans une proximité géographique du lieu" d'un autre viol commis par Rançon en 1992, pour lequel il avait été condamné par la cour d'assises de la Somme en janvier 1994.
Selon Me Didier Seban, autre avocat de la famille, Rançon avait déjà été interrogé sur le cas Mesnage par les juges d'instruction de Perpignan, mais avait nié toute implication.
L'hypothèse d'un nombre plus important de victimes avait également plané lors du procès de mars 2018.
Un des avocats des parties civiles, Me Étienne Nicolau, s'était notamment étonné des "périodes blanches" de Rançon entre sa première agression sexuelle en 1976 à l'âge de 16 ans, pour laquelle il n'a jamais été condamné, et celle de 1992.
Lors de ses aveux, Rançon a en tout cas assuré que le crime contre Isabelle Mesnage était son "tout premier" et qu'il "n'en existe pas d'autres" que ceux de Perpignan.
Mis en examen pour assassinat et viol, il a été placé en détention provisoire. "Nous sommes satisfaits et soulagés que cette piste ait abouti. La famille attendait la vérité depuis 33 ans...", s'est félicitée Me Herrmann, saluant "une justice et des enquêteurs qui ont mis tous les moyens pour travailler sur cette hypothèse". "On peut toujours résoudre les affaires non résolues à condition de le vouloir."
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