"Tous les éléments constitutifs du meurtre sont caractérisés, ils sont présents", a souligné l'avocate générale, Melody Barbuti, qui a toutefois expliqué ne pas demander la perpétuité en raison de la "réinsertion possible" de cette quinquagénaire, mère de 3 grands enfants et quatre fois grand-mère.
"Je pensais avoir un début d'explication. On devra se contenter de ce qu'on a entendu: une vie compliquée, le fait que ces bébés, elle ne les aime pas, elle les considère comme des choses", a déploré Mme Barbuti, pointant des "refus d'enfants", non des dénis de grossesse.
Dans le box, Sylvie Horning est restée à l'annonce des réquisitions dans la posture très tendue, quasi immobile, qu'elle occupait depuis le matin.
Ses trois enfants, deux filles qui ont été entendues comme témoins et son fils qui s'est porté partie civile, sont présents dans la salle.
"J'accepterai toutes les sentences, 30 ans de prison, je les risque" avait-elle déclaré mercredi, assurant même: "On me dirait 'ce soir, tu meurs', je l'accepterais tout de suite".
"Ce n'était pas des bébés pour moi, c'était des êtres que mon esprit et mon corps n'acceptaient pas", "quelque chose qui grandissait en moi que je n'acceptais pas", avait-elle tenté d'expliquer.
Confrontée par la présidente Marie-Catherine Marchioni à ses déclarations en garde à vue, selon lesquelles les accouchements cachés et l'élimination des bébés, étouffés ou étranglés, étaient "presque devenus une habitude", un processus "facile", Sylvie Horning avait au contraire raconté la peur éprouvée, seule dans la salle de bains de sa maison de Wittelsheim.
En garde à vue, elle avait également raconté avoir entendu gémir les nouveau-nés.
"Au lieu d'éviter de porter la vie, elle a préféré ôter la vie", a pointé Me Marylène Correia, qui représente l'association Enfance Majuscule, soulignant les possibilités de contraception, d'IVG, d'accouchement sous X offertes à cette femme à l'intelligence normale.
"On peut souffrir et faire souffrir, avoir été victime et avoir tué ses enfants", a souligné Me Monique Sultan, avocate de l'association Enfance et Partage, s'adressant directement à l'accusée et prenant acte de son enfance douloureuse, entre une mère "pathogène" et un beau-père qui l'aurait violée.
Outre le délai de 14 ans séparant la découverte des premiers cadavres de bébés et l'interpellation de Sylvie Horning, le caractère hors normes de cette affaire tient à sa chronologie: Sylvie Horning a donné naissance à deux enfants, un garçon et une fille, puis caché trois accouchements, étouffant ou étranglant les bébés, puis elle a eu une fille, et deux autres accouchements ont encore été dissimulés et les bébés éliminés après la naissance de sa benjamine.
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