Boris Johnson, tenant d'un Brexit dur, ancien maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères, a survolé les premiers tours de vote des députés tory, dont le troisième mercredi en récoltant 143 voix sur 313.
Ce scrutin doit désigner les deux prétendants finalistes au poste de chef du Parti conservateur, à qui reviendront les clefs du 10 Downing Street, mais aussi l'épineux dossier du Brexit.
Le résultat des deux derniers rounds prévus jeudi doit être annoncé vers 17H00 GMT. Face à Boris Johnson, intouchable, trois candidats se disputent la deuxième place: les ministres des Affaires étrangères Jeremy Hunt, de l'Environnement Michael Gove, et de l'Intérieur Sajid Javid.
Au cours des prochaines semaines, les deux finalistes sillonneront le pays pour présenter leurs programmes aux 160.000 membres du Parti conservateur, à qui échoit la tâche de les départager, d'ici la fin juillet.
Mais là encore, le suspense semble bien mince: pour "la plupart de ses collègues", il est "maintenant presque inévitable que (Boris Johnson) soit le prochain Premier ministre britannique", souligne le quotidien The Guardian.
Une mission: le Brexit
La mise en oeuvre du Brexit constituera, de très loin, la priorité du nouveau chef du gouvernement, trois ans après le référendum de juin 2016, qui avait vu les Britanniques voter à 52% en faveur de ce divorce historique.
Incapable d'y parvenir, usée par les critiques incessantes et complots dont elle a fait l'objet au sein des tories, Theresa May a démissionné le 7 juin de ses fonctions de chef du Parti conservateur.
Après trois rejets successifs par les députés de l'accord de retrait qu'elle a négocié avec Bruxelles, censé organiser une séparation en douceur, la dirigeante avait été contrainte de repousser au 31 octobre la date du Brexit, initialement programmé pour le 29 mars.
Dans un pays déboussolé par ces atermoiements, Boris Johnson joue la carte de sauveur du Brexit, et se dit prêt à ferrailler pour renégocier l'accord de Theresa May, quand bien même Bruxelles a exclu cette éventualité.
En témoigne sa menace de ne pas payer la facture du Brexit - estimée entre 40 et 45 milliards d'euros par Londres - jusqu'à ce que l'UE accepte de meilleures conditions de retrait.
Lors d'un débat télévisé mardi soir, il a répété sa volonté de faire sortir son pays de l'Union européenne d'ici le 31 octobre, quitte à partir sans accord avec l'UE, sans s'engager toutefois à "garantir" un Brexit à cette date.
Eviter le "no deal"
Politicien habile et charismatique à l'ambition dévorante, Boris Johnson, 55 ans, jouit du soutien de nombreux militants de la base du Parti conservateur, qui voient en lui le chef idoine pour remettre le Brexit sur les rails.
Et même si ses gaffes à répétition et son discours aux accents populistes agacent ses pairs, beaucoup le considèrent à présent comme un rempart au Parti du Brexit du populiste europhobe Nigel Farage, grand vainqueur des dernières élections européennes au Royaume-Uni, et à l'opposition travailliste de Jeremy Corbyn.
Face à Boris Johnson, Jeremy Hunt, lointain deuxième après le tour de vote de mercredi (54 voix), se pose comme une alternative "sérieuse" en mettant en avant ses succès d'entrepreneur, qui ont fait de lui un millionnaire, et sa longue carrière politique.
M. Hunt, comme Michael Gove, estime qu'un nouveau report du Brexit pourrait être nécessaire si un accord avec Bruxelles était à portée de main, afin d'éviter le "no deal" redouté par les milieux économiques, le 31 octobre.
Le ministre des Finances Philip Hammond ajoutera jeudi son grain de sel lors d'un discours devant des représentants du secteur bancaire, fustigeant ceux qui mettent en péril la "prospérité" du Royaume-Uni en brandissant la menace d'un "no deal", selon des extraits communiqués par ses services.
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